Comme ça, pendant que j'étais occupée à aller dans des nouveaux casinos et à oeuvrer pour l'obtention de mes chaussures en diamants, et bien ils sont partis!
Oui, parce que pour eux, Vegas c'est fini!
Laure et Faust, Syner, Ben, Loki, Yourt, Warrox, et bien eux, ils ont dû partir!
Ben est parti, il pourra plus me raconter ses aventures de roulette au Tropicana quand je le rencontrerai par hasard dans le Deuce
[Have fun, Ride the Deuce. Two dollars one way, five dollar aaaaaall day. Exact change required.] en allant au centre commercial.
Yourt pourra plus sortir de nulle part au moment où je viens de me faire décaver pour m’expliquer qu’il a ENCORE embourbé plein d’or en cash game !

Warrox sera plus en train de grinder les slot pour clearer son bonus free-buffet au wynn, et Loki m’accompagnera plus faire du cash game au MGM ou au Venetian !
Faust ne pourra plus surgir de nulle part pendant que j’embourbe un pot pour dire d’une petite voix perfide « bien joué les as » alors que je ne l’avais pas vu,

et je ne pourrai plus engueuler Laure parce que je constate que depuis 10° jours qu’elle et Faust résident au MGM, ils sont TOUJOURS PAS allés au Lazy River !
C'est horrible, parce que ça m'a fait penser que moi aussi à un moment, je vais devoir partir de Vegas. Mais moi l'avantage, c'est que c'est pas tout de suite.
Alors ce matin, Guillaume et Jérôme, MichelMichel, Christo et moi, on se retrouve dans le spa du Venetian, à réfléchir à comment on va occuper notre dernier temps de Vegas. C'est pas très sympa d'ailleurs, mais quand même, il faut avouer qu'on est vraiment contents nous, de pas être dans l'avion avec les autres et d'être ici à profiter du spa alors que pour eux c'est fini!
Apparemment GUillaume et Jérôme et MichelMichel et Christo, ils veulent faire le 150$ de midi au Venetian. Je rigole dans ma tête parce que je me dis que c'est rien que des idiots: d'abord ils vont pas gagner parce qu'ils se feront suck-outer au dernier moment, et en plus ça va leur prendre plein de temps qu'ils auraient pu utiliser à devenir riche en cash game. Mais c'est vrai au fond, ils sont tous assez fort (quand ils se prennent pas des set-up avec AJ), Guillaume, il sait très bien qui'l peut embourber à mort, alors je comprends vraiment pas l'intérêt de faire du tournoi. En plus en tournoi, surtout un deep stack comme celui du Venetian, il faut jouer des mains, c'est vraiment compliqué, moi je planifie déjà mentalement ma journée: pendant qu'ils feront le tournoi, j'irai me faire un mega stock de boisson à la lutéine et de Snapple à le framboise. Et puis après j'irai faire du centre commercial, j'ai vu un ensemble chez Stash que je trouve vraiment bien, et puis j'irai bien un peu hooker le vendeur, ça me distraira.
Et puis d'un coup, alors que Guillaume me propose pour la énième fois la sucette aux poils, et que j'essaie de lui mordre le doigt de pied pour lui faire comprendre à qui il doit le respect ici, il me dit:

"bon alors tocarde?
- mais QUOI ?
- le last longer? tu vas encore te défiler?
- le last longer pour quoi?
- mais pour le tournoi du Venetian
- ah non mais je le fais pas
- si tu le fais. Arrête de faire ta tocarde, tu vas pas encore aller te faire décaver en cash game.
- non je le fais pas vraiment, ça me paraît pas du tout une bonne opération.
- mais si tu le fais, c'est un deep-stack, t'as juste qu'à attendre que les autres s'envoient en l'air avec AJ pendant que t'attendra de faire brelan.
- pfff... mais je voulais aller au centre commercial..."
Et puis bon voilà, de fil en aiguille, entre Christo et MichelMichel et Guillaume et Jérôme, je me suis fait avoir, je me suis fait embourber, je me suis laissée convaincre de faire ce tournoi alors que je savais très bien que c'était une TRES mauvaise idée parce que pour gagner en tournoi, il faut un minimum savoir jouer. Enfin je me dis que c'est nos derniers jours de Vegas, et que c'est quand même cool de faire des tournois ensembles.
En plus, si je gagne je pourrais avoir des TAS de chaussures en diamants.
Et ça y est, alors qu'on écoute la reprise de "Can't take my eyes off of you" des Jersey Boys dans l'ascenseur, je commence à penser à ce tournoi, que si je limpe avec une petite pocket et qu'on me relance, je vais pas savoir jusqu'à combien je peux payer, et comment jouer si je branle pas après, et que c'est 150$, et que si je perds, tout mon beau grind d'hier sera complètement fichu par terre.
J'ai fait les comptes hier, entre tous mes cash game dans les différents casino, j'ai amassé un tas de d'or de 386$, sans compter tous les jetons que j'ai embourbé pour les distribuer à mon retour et faire l'intéressante (et yen a au moins pour 30$).
On a juste le temps de se laver, de mettre du conditionner, de la crème au sucre, de prendre nos artefacts respectifs de gambling, sweat à capuche, ray-ban, casquette et autre voodoo, de passer manger une classe chez Cocolini
(je sais, j'ai la théorie qu'on est plus agressif quand on a froid et faim, mais ce tournoi il va durer longtemps, et je prévois que c'est mieux si je tombe pas dans les pommes, donc je prends la décision de m'acheter un truc à manger).
ça m'agace d'être obligée de me dépêcher pour manger ma boule de chocolat blanc de chez Cocolini, mais d'un autre côté le tournoi commence dans 5mn, et j'ai pas envie de faire comme Guillaume et Jérôme, qui sont tellement garages qu'ils arrivent toujours 15mn après le début du tournoi.

[pardon pour ce lieu commun, mais je suis obligée de mettre la photo de mon ticket de tournoi,
pour me la péter un peu]
Le tournoi commence, on a 7500 en chips, avec une structure assez lente, donc ça va, c'est pas la peine que je me demande tout de suite quel est mon M et si je dois tout de suite faire tapis.
Plus loin il y a Christo et Michel à la même table, tous les deux en embuscade derrière leurs lunettes, et à une autre, Guillaume et Jérôme (les tights de vegas).
C'est marrant, c'est la première fois que je me trouve de ce côté de la salle, du côté des "grands", ceux qui font les tournois, les sérieux.
L'ambiance à la une table en tournoi, c'est vraiment pas pareil qu'en cash game; c'est la première fois que ça m'arrive, mais pour l'instant personne ne m'a encore parlé pour me demande si je suis française, et qu'est ce que c'est que cette petite carte, et si je suis là pour longtemps, et blablabla...
En fait, c'est SERIEUX ici!
Au bout de 15mn de jeu où j'ai pas eu de pbs de décisions vu que j'avais rien, ya déjà une dame à la table, une peu ronde, la quarantaine, souriante et à l'air gentil (limite niais), avec des gros bijoux, qui embourbe tous les pots, qui touche tout, et qui a pratiquement décavé deux personnes.
C'est un style de Castafiore américain, en un peu plus fat, et un peu moins chantant.
Au premier round de blindes, j'ai


Le cut-off limpe, je raise à 100, et la grosse blinde paie, suivie par le cut-off.
le flop vient



Je me dis que j'ai raisé, et pan j'ai une dame, allez je vais embourber ce pot, ça va pas être une affaire: je bet 200 dans le pot de 300.
C'est marrant je m'attendais vraiment à ce que ça soit vite réglé cette histoire.
Ben non, parce que après mon bet, ya la grosse blinde qui raise à 600, et apparement, ce flop n'intéresse pas que moi, parce que le cut-off re-raise à 2k.
tididiiiiii...
Du coup mon AQ, je vais vite fait le mucker [c'est sick les tournois, mucker TPTK ...], et je vais regarder les deux autres s'exploser puisque la BB avec sa double paire


Finalement j'aurais pas perdu tant que ça.
Mes pockets n'ont pas branlé, mes CB ne sont pas trop passés, le temps passe, et la Castafiore a déjà sorti deux mecs. Elle a au moins 20k de tapis, elle rentre dans tous les pots sans en perdre un seul : et puis c'est pas dur, elle montre ses cartes: elle touche tout.
je commence à en avoir marre d'elle, et puis même tout le monde en fait, et ça fait drôle de se dire que c'est elle, cette dame que j'aurais même pas soupçonné de savoir jouer aux cartes,
the table bully.
Puis je suis UTG, et j'ai


On est aux blindes 100 200, je relance à 750, et je suis payée par elle, puis par le bouton, puis par la grosse blinde. ça fait un bon pot; autour de 3000.
Et je me dis putain à 4, ça va être chaud si je branle pas.
Le flop vient



Je peux pas me dire que la castafiore est max sur TOUS les flops (je devrais me le dire, c'est le cas depuis une heure),
mais moi je préfère m'entêter.
Je dois avoir 5k de tapis, je bet 2100 et la castafiore fait tapis. BAM.
c'est bien essayé PD, mais maintenant tu sais que tu viens de jeter 2k par la fenêtre...
bref, je fold, et madame montre


En plus, je n'en doutais pas.
Mon tapis est donc tombé à un peu moins de 3K, ce qui est vraiment pas terrible, quand je suis en grosse blinde.
UTG, un mec limpe, c'est un black, assez jeune, bien street wear, un peu vautré, qui a vraiment forcé sur la dose de parfum, et qui dans sa grande bonté, règle son ipod assez fort pour que je puisse profiter de sa merveilleuse play-list de rap west coast.
Il a vraiment la panoplie snoop doggy dog, et marmonne des trucs souvent que je comprends pas, et il met des heures à folder ses mains, et lui non plus n'a pas pu éviter de perdre la moitié de son tapis contre la castafiore.
Donc Snoop Dog limpe sur ma blinde, suivi de la castafiore, la petite blinde complète, et moi je découvre


le flop vient



La SB check, et moi je me dis que j'ai plus beaucoup d'argent, et qu'il est temps d'embourber des pots, ou bien de retourner au centre commercial .
Donc je bet 500 dan le pot (qui faisait 800),
et je suis payée par snoopy, après qu'il ait assez longtemps hésité (c'est pour passer plus longtemps à la télé).
La castafiore fold (ça doit être la première fois qu'elle sort d'un coup si facilement), et la petite blinde lui emboîte le pas.
Je serre les fesses du plus que je peux pour que le trefle que j'attends tombe,
et malheureusement je suis pas très en forme, et puis j'ai pas l'habitude d'appeler la couleur, d'ordinaire j'invoque plutôt les dieux du brelan,
et c'est un

Ben okay j'ai pas la couleur, mais maintenant, j'ai TOUCHE!
Allez je me sens bien là, je vais l'embourber snoopy, et je bet 1000.
Et snoopy qui tergiverse, et qui tergiverse, et qui tergiverse, et qui me regarde, et qui me pose des questions auxquelles je réponds pas parce que je ne comprends rien, et qui finit par payer.
Je suis pas trop contente mais je peux ENCORE faire couleur et embourber:
Je fais pas couleur, mais faut pas abuser, je suis pas une burne non plus, et la river est un

ça me va aussi, il me reste 1400; je fais tapis.
Autant vous dire que ça va réfléchir et maugréer à tout va chez Snoopy, mais finalement, il va finir par folder.
"- you got two pairs
- I got the nuts; I PLAY the nuts.
- t epoq jt^j EK£erjg q^,¨? i got an ace. I fold an ace girl. fold the ace."
Oh et bien hein, il avait qu'à me reraiser s'il avait l'as,
chacun ses problèmes.
Après ce coup c’est la pause, et on se retrouve avec Christo Michel Guillaume et Jérôme, pour voir où on en est.
Christo et MichelMichel discutent d’un coup où tout le monde à la table voulait savoir ce que Michel avait, et l’information semblait de haut prix, alors que pour Christo ça semblait limpide : un call de MichelMichel en grosse blinde, un bet de l’autre au flop, callé par Michel, suivi d’un raise sur le bet du mec au turn :
alerte, MichelMichel a le brelan.

Ben oui, parce que Michel, avant de partir, il avait révisé toutes les stratégies de Monsieur Poker, et ils connaissaient bien cette solution de secours pour le cas où on n’est pas ultra bon à avoir les as.
MichelMichel avait bien branlé avec une paire de deux, et ça restera le mystère pour le reste de la table qui continuera à l’interroger sur cette main jusqu’à la fin du tournoi.
Quand je reviens à ma table, je constate que la Castafiore a un stack énorme et un M de 38, ce qui est quand même vraiment PAS MAL.
Je vais avoir l’occasion, une fois, de faire brelan contre un mec en limpant une pocket, ce qui me donnera le plaisir de FAIRE TAPIS contre lui (en plus je l’aimais pas bien), mais il foldera finalement vu qu’il avait juste un as (et je muck un as…).
Après les blindes sont devenues piquantes, et j’en suis vite arrivé à la phase la plus palpitante du tournoi, celle où on recalcule son M à tous les tours, c’est où ENFIN on peut faire tapis à tout va.
Dans le circuit, ils ‘appellent ça « le push/fold », mais moi vraiment je préfère dire « j’en suis à faire tapis ».
Donc j’en étais à faire tapis, chose que j’ai faite deux fois à ma table jusqu’à un changement qui me fait échapper de justesse à la grosse blinde, et j’atterris à la table de MichelMichel, bien en embuscade derrière ses ray-ban, sous son sweat à capuche.
J’arrive UTG, et les blindes vont bientôt être sur moi, j’ai
donc je fais tapis, et l’asiate à ma droite m’explique en foldant que vraiment, le seat où je viens de m’assoir, ya que des gens qui vont à tapis. Indeed. Ça passe.
Je vais faire avoir à faire tapis sur la grosse blinde de Michel, ça me plaît pas bien, parce qu’il sait que je vais le faire avec any two ace, mais tant pis, et en plus là, j’ai :
les nuts du poker, donc je suis parfaitement légitimée à le faire. MichelMichel fold, et je muck ma main préférée.
Mais bon j’ai toujours pas doublé, il faut continuer d’aller à tapis, et cette fois-ci je vais aller à tapis en MP avec
, et je vais me faire slowroller à mort par la small blinde qui met des heures avant d’annoncer qu’elle paie – avec
.
.
Bon ADMETTONS que ça soit pas un vrai slowroll, et qu’il ait fait ça parce qu’il voulait que la grosse blinde paie aussi, admettons, mais vraiment si j’avais pas eu la mort de sortir comme ça du tournoi, j’aurais bien aimé l’avertir qu’on me slowroll pas comme ça ! "okay guy you got aces, but DON’T EVER try to slowroll me again that way. You don’t know who I am"
Putain j’y crois pas, je me suis fait slowroller à Vegas, et en plus, j’ai perdu !
C’est toujours un peu frustrant de se dire « ben ça y est j’ai perdu » tout ça pour un tapis avec QK, sauf que bon, yavait pas vraiment d’autre chose à faire que tapis – en plus c’est pas comme si c’était pas ma passion – et c’est tant pis pour moi j’avais qu’à être aussi skillée que Jérôme et pas runner dans les as de l’autre slowrolleur !
Quand je sors du tournoi, il doit être 15h30 par là, et je vais rejoindre Christo qui a perdu lui aussi.
De retour dans ma chambre, je suis un peu énervée, je me dis que ce tournoi m’a éloigné de mes chaussures en diamants, alors que si je l’avais pas joué et que je le mes étais acheté direct, ben à l’heure qu’il est je serais presque itm.
Bon alors je me console en me disant que j’ai quand même pas perdu mon temps à vegas.
Oui parce que, ce que je ne dis pas depuis le début de cette histoire, c’est qu’à Vegas, j’ai décidé de me constituer un service à couverts noirs en plastique.
Oui, parce que dans tous les food court des casinos et des centres commerciaux, ya toujours des stand en libre service (rappelez-vous le plan du food court),

où ils fournissent des couverts (en plastique noir), des pailles (nuts), des serviettes, du sucre (et même de l’aspartam -> en plus regardez comme leur aspartam est BEAU)

et vraiment les gens n’ont pas la passion de s’en servir, contrairement à moi.
Moi je pense que ces couverts seraient du plus bel effet avec mes assiettes noires, donc depuis le début du séjour, je grinde les food court de vegas pour me constituer mon service.
Et là vraiment, en faisant l’inventaire, je trouve que je suis plutôt PAS MAL.
Et puis Michel et Christo m’ont bien aidé à en embourber plusieurs.

Pendant que MichelMichel est en train de marcher sur sa table de tournoi, je décide que je vais aller faire un peu de cash-game, parce que demain ça sera notre dernier jour de Vegas : ça sera l’heure du bilan, et le moment de décider si oui ou non je peux m’offrir les chaussures en diamants.
Maintenant moi, je suis un reg de la poker room du Venetian : ils me demandent même plus mon passeport pour vérifier mon âge, je rentre DIRECT ! Mais ouais !
J’atterris au seat 1 d’une table où je m’aperçois très vite que je n’ai pas ma place.
Ya un mec au seat 4, une vraie tête de con, en même pas deux minutes je sais que je vais le haïr. Il jeune, grand, blond, mais bovin, il a un gros menton comme Averel Dalton, il est un peu rouge sur les pommettes, subtilement mises en relief par une fine pellicule de transpiration, il a un grand tee-shirt de basket et il se tient avachi sur sa chaise dont le dossier est retourné, pendant qu’il se fait masser.
Et lui ce qu’il fait, c’est qu’il balance une pépite à 15 à environ 99% des mains preflop.
C’est insupportable, on peut pas jouer.
Alors en temps normal, j’aurais vite fait demandé un table change, et là je sais pas pourquoi, je suis restée, et peu à peu je me suis énervée.
En fait dire « peu à peu », ça n’est pas rendre justice à mon capacité à mettre extrêmement rapidement d’humeur massacrante : soyons honnête, en deux tours je suis en tilt.
Et au lieu de faire comme d’habitude, à savoir folder en me disant « c’est pas grave PD, tu vas finir par l’attraper avec tes as »,
je me suis mis à payer ses relances avec des pockets.
On est bien d’accord, c’est ce qu’il aurait peut-être fallu faire avec un tapis normal, mais quand on short-stacke à 100, on paie pas des relances à 15, surtout si on sait qu’on ne jouera pas sans le brelan.
Bref : c’était complètement idiot, et en plus, je devais pas être en grande forme, je branlais jamais.
Aucun de mes AK n’a touché, aucune de mes pockets n’a branlé : il n’en fallait pas tant pour me mettre hors de moi.
Joe Dalton cash-out (il était temps), et c’est Christo qui prend sa place.
Par je ne sais quelle magie, Christo comprend direct que je suis complètement en tilt. Il dit rien, et lui il embourbe quelques pots, parce que bon, c’est Christo : il sait jouer aux cartes. Moi par contre, ça marche toujours pas.
Résultat des courses, mon tapis diminue, et en plus, à côté de moi ya un connard qui fait que de parler à son pote à l’autre bout de la table, et qui lui demande ce que c’est que ce hamburger qu’il a commandé à la table, et comment il a payé, et qui finit par se décider à commander lui aussi.
Le malheureux, il est tout excité à l’idée de commander à la table, comme les grands joueurs qui sont tellement en train de se faire de l’argent qu’ils peuvent pas se lever pour aller manger.
Il se fait servir un truc de tapas où je sais pas quoi, enfin je m’y connais pas trop dans l’univers du burrito, mais ça ressemble à un truc mexicain que j’aurais pas envie de manger, qui est gras et épicé.
En tout cas, ça l’aide pas spécialement à bien jouer car il gagne pas un pot, et son tapis de départ à 200 tombe aux alentours de 130 140.
Et ça pue la bouffe à la table, ça me met hors de moi.
Enfin je me dis que là ça commence vraiment à m’énerver, je me dis que je vais finir mon tour de blinde et aller cash-outer, avant de perdre plus d’argent.
Et puis juste avant de cash-outer, je reçois
(main à problème, bien borderline, on a pu le constater). Mon tapis est descendu aux alentours de 70.
J’ai vraiment pas envie de me faire partouzer mais je vais quand même pas folder les dames [les bitchs, il pouvait rien faire…] du coup je raise à 15.
Le tocard de mangeur de tapas ne prend même pas la peine de s’essuyer la sauce mexicaine qu’il a sur les lèvres pour dire « i call ». Et on ne sera que deux dans ce coup.
Le flop vient

Christo me regarde, il doit penser que j’ai l’as, puisque d’habitude, c’est toujours moi qui a l’as, et ça me rend triste de penser qu’il y a ce flop, et que moi j’ai pas l’as. En plus il sera déçu.
Je me dis que si j’embourbe le pot, je lui dirai jamais que j’avais pas l’as.
Evidemment je n’aime pas ce flop.
Mais j’avoue que j’aurais été plus ennuyée s’il n’y avait eu qu’un as. Un seul as et j’aurais très certainement check-foldé mes dames, ou peut-être que j’aurais tenté un premier bet, et que j’aurais abandonné le pot si j’avais été suivie. Mais là je ne sais pas, le fait qu’il y ait deux as, je me dis non, le bouffeur de tapas n’est pas assez skillé pour floper le brelan.
Donc, je vais une tentative et je bet 25.
Le mangeur de tapas me paie. Le turn ne m’améliore pas, je ne sais même plus ce que c’est. Je me suis commitée dans ce coup en fait. Je peux bien avoir des semblants de délibérations internes, qui me feraient dire que il pouvait me payer avec les jacks ou les dix, de toute façon c’est rien qu’un abruti qui mange des tapas, mais en vérité, ya rien d’autre à dire que « maintenant je me suis commitée dans ce coup », et donc je fais tapis pour ce qu’il me reste, à savoir pas grand-chose : 30.

Il paie, et il avait
, pour le maxi foulousse.
What the heck ! Is there, by any chance, « rape me » writen on my brow ??
Je me lève, et avec le geste le plus méprisant dont je suis capable, je lui demande de dégager sa petite tablette et ses tapas et ses doigts sales, pour que je puisse sortir de la table sans salir mon pantalon blanc. J’entends que ça rigole à la table derrière moi, et en d’autres circonstances, je me serais volontiers féliciter de ma belle sortie.

Là, je suis plutôt d’humeur à whiner.
Putain de tocard de merde, aller me payer avec A2, MOI, MOI me payer avec A2, alors qu’il était bien short lui aussi, et qu’il était MEME PAS suité.
J’ai grave les glandes, je trouve que moi ,
MOI, PD, __penelope__ johanne no limit 1 2, je mérite le respect, et je ne veux pas qu’on souille mes dames avec
!
L’enfer des tables de cash game à Vegas !
Je vais voir où en est MichelMichel, et en fait, je m’aperçois que lui aussi il vient de sortir.
Il me dit qu’il est itm, mais il a pas l’air content du tout comme quelqu’un qui est itm.
En fait, il était peut-être deuxième en chips de sa table, et vraiment bien parti pour embourber plein d’or au Venetian, ya un shorty qui a boîté, et puis il a fait tapis derrière, avec
., sauf que derrière, un vieil abruti, le seul tapis qui pouvait l’endommager, a décidé de payer avec une paire de 5.
Le vieux a fait brelan, et MichelMichel est sorti 11ème du tournoi.
Il est vraiment très énervé, et d’ailleurs, au break d’après, ya quelques mecs qui sont venus voir michel pour lui dire qu’ils trouvaient le move du vieux complètement con.
Vous connaissez michel, la compassion des autres a toujours beaucoup d’effet sur lui.
Guillaume lui, il a fait la tf, et bon, comme j'ai pas mal passer de temps dans l'année à le coacher sur les sng 1$ 5itm sur 10 de bodog poker, il a fait des petits progrès,
et il réussit à finir 8ème.
Je suis assez modeste, je n'insiste donc pas trop sur la part de mérite qui me revient dans cette affaire.
Après le tournoi, on va aller faire un tour au slot, pour regarder comment Jérôme va essayer pour la dernière fois d’inculquer à Guillaume les rudiments de la gestion de BR en slot, où de lui expliquer comment monter un stack à partir de 10$.

Evidemment, comme Guillaume est dissipé et qu’il écoute jamais rien de ce qu’on lui dit, ça met du temps, et puis ça marche mal, ça désespère jérôme, qui est meilleur joueur que pédagogue (c’est le lot des champions).


Jérôme et Guillaume vont aller faire leurs valises, car pour le dernier jour de Vegas, on a décidé qu’ils mettraient leurs valises dans notre suite, vu qu’on ne pense pas qu’on dormira beaucoup dans la nuit du samedi au dimanche, et que donc c’est inutile de payer deux grandes suites pour rien.
Alors demain matin à l’aube, ils rendront leur chambre et déposeront tout ça chez nous.
Bref, pour penser à autre chose on va aller manger un truc, et moi je décide que j’ai vraiment besoin d’un bon double shot on ice (venti).
Oui parce que la fin de Vegas se rapproche, après yaura plus de starbucks à tous les coins de rue, et d’ailleurs en France ils ont pas le double shot, donc il faut vraiment que j’en prenne plein maintenant, pendant que je peux en avoir.
Pour la fin de soirée, je décide que je vais aller jouer dans un endroit plus rassurant pour moi, j’ai plus envie de retourner au Venetian, j’ai l’impression que ça va encore mal se passer, et en plus le soir je préfère aller ailleurs, et j’ai bien envie de retourner jouer une dernière fois au Harrah’s.
Je me dis que c’est pas grave si je gagne pas, je vais passer une bonne soirée car souvent je m’amuse bien là-bas, je perdrais peut-être 20 ou 30 et j’en serais quitte pour pas grand-chose. En plus, le Harrah’s est tout près d’un starbucks, donc au pire des cas je me consolerai avec un double shot (oui, un autre).
MichelMichel et Christo me laissent à l’entrée du Harrah’s, je crois qu’ils vont aller boire des bières, ou peut-être jouer à la roulette, ou peut-être profiter que près du Venetian, le Sephora est ouvert jusqu’à minuit, je ne sais pas vraiment.
Quand j’arrive dans la poker room, on m’explique que si j’attends un petit quart-d’heure, une table va bientôt s’ouvrir.
Je vais m’assoir, au seat 3 (j’aurais dû prendre le 1), et je vois s’assoir les gens autour de moi.
Ya un gros garçon tout joufflu qui vient s’assoir au seat 2.
Il sent vraiment la bière, sa chemise à carreaux bleu et blancs de bûcheron est crade, il transpire et il soufle (wth il a courru si longtemps pour arriver à la poker room ?) il fait un sourire niais et il me regarde avec un air un peu effarouché. Il a une bière à la main, et il sait pas où la poser, il met du temps à comprendre que le cup-holder, c’est justement fait pour ça.
Il est pas encore installé qu’il m’agace déjà.
Juste en face de moi à l’autre bout de la table, il y a pratiquement son double en un peu moins gros, et la chemise est à carreaux rouge et blanc.
Je comprends vaguement qu’ils sont frères, ou du monis qu’ils se connaissent depuis longtemps, grâce aux interventions d’un troisième gros garçon, plus grand, mais qui sent tout aussi fort la transpiration, qui s’assoit au seat 5 .
Il est un peu saoul lui aussi. En 6, ya un moustachu type Asterix, avec un marcel d’un blanc douteux, au 7, un asiate assez jeune, qui m’a l’air un peu en embuscade, et c’est le seul qui se cave à plus de 200.
Au seat 9, ya un mec d’environ 35 40 ans, avec plein de tatouages, un tee-shirt noir un peu moulant autour de ses bras un peu trop musclés (moi j’aime les mecs qui sont un peu coupants des bras, alors forcément là ça me plait pas), et il tient une fille par la taille (non, si on voulait vraiment rendre compte de la situation, il la tenait par les fesses), une blonde bien vulgaire, toute pleine de sein, de parfum, de rouge à lèvre et d’eye-liner bas de gamme.
Elle est étrange cette table ; Les gens sont là, mais on dirait qu’ils ne savent pas pourquoi.
Ils se regardent, ils regardent tout autour d’eux, ils ont un air bête et gênés, ils sont tout repliés autour de leur stack, et quand ils parlent entre eux, les trois là, les deux frère set le copain, je comprends absolument rien.
Celui qui arrive à la table pour dealer, c’est ni Doddie, ni Etienne, ni un des autres dealers que j’ai déjà vu, mais c’est le poker manager de la room.
Je trouve ça bizarre, j’avais pas remarqué qu’on était nombreux au point de run out de croupier…
Enfin, le jeu commence, et là, c’est juste l’horreur.
Le dealer, à tous les tours, il doit dire au groupe de trois (et à deux autres qui sont aussi complètement largués) ce qu’ils doivent faire, poser leur blinde, folder, checker ou miser, et il faut leur redire au flop, et sur toutes les streets,
et il faut les empêcher de parler quand c’est pas leur tour,
et il faut les empêcher de better 1 dans un pot de 14, parce que 1 c’est pas tout à fait la grosse blinde,
il faut faire comprendre pourquoi on ne peut pas relancer à 12 quand il ya déjà une relance à 8, enfin en clair :
ils sont vraisemblablement venus jouer là SANS savoir jouer. Et c'est sûrement pour ça qu'ils ont sorti le poker manager au lieu d'un croupier normal. Parce que pour gérer cette fine équipe, il va falloir des nerfs d'acier.
Même pas ils auraient regardé Patrick à la télé ces cons là, NON, rien, ils ne savent RIEN.
Alors, jouer UNE main prend des heures, surtout que tous les trois, ils sont pas mal saouls, et que Astérix, il est pas saoul, mais il est pas non plus au clair sur les tours de parole et les relances, et qu’à ma gauche, ya deux tocards qui me demandent ce qu’il se passe au moment où le tatoué du seat 9 décide de poser un straddle sur la grosse blinde.
Mais le pire, le pire de tout ça, c’est que les trois gros, ils ont la passion de jouer des mains.
Ils foldent jamais, et je pourrais pas vous le décrire, parce que c’est trop fou, mais les coups se déroulent d’une façon horrible et improbable.
En fait, imaginez des enfants qui connaîtraient vaguement les combinaisons possible du holdem (mais pas au-delà du brelan, parce que après c’est trop compliqué).
Vous les freerollez pour qu’ils puissent aller à tapis sur TOUS les flops.
Et vous les laissez s’écharper comme ça.
Et ben ça vous donne vaguement une idée de ce qui se passait à la table.
On était trois à être complètement en tilt après un quart d’heure de jeu. L’asiate, qui essayait de bluffer des coups, alors que c’était impossible de bluffer ces trois outres à bières complètement stupides, et qui foldaient rien, le tatoué en tee-shirt moulant, qui était énervé qu’on ne joue aucune main, et moi, qui était au bord de la crise de nerf.
Je vous jure, le gros qui renversait de la bière sur le tapis, qu’il essuyait d’un revers de main transpirante, qui riait comme un abruti, et l’autre attraction de connerie qui lui répondait à l’autre bout de la table, c'était juste insane, et le jeu n’avance pas car au milieu d’une main, naissent des débats palpitants :
Tocard seat 5 : huhoo, hey hey Rob, stop eating that, stop eating you fat pig, you should get some gum
Tocard seat 2: huhuh, gum? Why that? Why gum?
Tocard seat 8: he’s right hey, he’s right huhaaa, I’ve read chewing gum make you loose weight. You’re fat. Chew some gum.
Tocard seat 2: I don’t have gum. You got some?
PD: NO. It's YOUR turn to act. I'm waiting.
Tocard seat 6: here you go, ask the girl
Tocard seat 2: okay okay oaky wait uhh ahh, hey, hey miss, could I have … have some gum?
Waitress: sure. There you go. 8$
Tocard seat 2: 8$ ! wow. Woooww. Okay wait, wait
Et pendant ce temps, le poker manager attend patiemment qu’il trouve son argent, paie la cocktail waitress, range son argent, retrouve ses chewing-gum, prenne un chewing-gum, regarde sa main, réfléchisse (oui, car il prennait vraiment de TRES grandes pauses pour réfléchir), decide finalement qu’il va payer, et regarde tout le monde avec l’air de dire “yeah. I did it man. I did it. I’m playing poker. I’m a player poker man.”
Ça me rend malade. Ça me rend malade. A tous les tours je soupire, et tape sur la table, j’arrive pas à me calmer. J’arrive pas à faire comme l’asiate, à prendre mon mal en patience et me dire que jouer contre des hommes saouls qui n’hésitent pas à recaver, c’est le rêve de n’importe quel gambler.
A chaque main, ça part à tapis : je ne plaisante pas, c’est aussi pour ça que chaque main prend énormément de temps.
Ces tocards, ils s’écharpent à coups de top pair sur des flop 678 ça finit presque TOUJOURS à tapis, et Asterix, quand il arrive à les attraper avec une double pair ou un brelan, il embourbe DEUX tapis en même temps. Les pots sont énormes, ya toujours presque 200, et c’est même souvent plus, et à chaque fois, PERSONNE ne tippe le croupier (en l’occurrence, le poker manager en costard).
Au bout d’un moment, quand asterix embourbe un pot à 380 sans tipper, je peux plus me retenir:
PD: sorry but, are you gonna consider the possibility of tipping the dealer when you take a 400$ pot each hand ?
Asterix : WAT?
PD: yeah. I am not gonna teach you what you got to do in your country, but I do think you are supposed to tip.
Alors il me regarde avec un air débile, et il donne 10$ au croupier, qui rigole et qui me dit “thank you for that”.
C’est bizarre, j’ai pas encore perdu d’argent, mais je suis completely steaming.
Je tiens pas en place sur mon siège, c’est comme si yavait plein de ressorts partout dans mes jambes et mes fesses, il faut que je me lève, j’ai envie de hurler, j’en peux plus d’être là parmi ces mecs complètement saoul, cette table, c’est une galaxie de connerie et de bière et de transpiration, ils me parlent et j’entends plus rien, j’ai envie que Christo et Michel viennent me chercher, ou alors qu’ils seatent à la table, pour qu’au moins quelqu’un soit TEMOIN de ce qui se passe .
J’ai peur que personne ne me croit.
J’ai peur que personne ne sache ce qui se passe à cette putain de table.
Ils sont en train d’apprendre le poker, ils sont saouls, ils sont gros et horribles et ils font N’IMPORTE QUOI AUX CARTES, et ils ne sont pas conscients de ça.
Je suis à l’agonie.
Je devrais être aux anges. Je devrais me dire que si je suis patiente, cette table, c’est de l’or. Je devrais prendre plein de redbull pour rester ici toute la nuit, car eux, ils sont trop saouls pour partir, et en plus, ils s’amusent bien.
Je vais me casser. Je vais vraiment partir, car j’ai peur d’en gifler hein, ou de lui enfoncer le talon de mes scandales dans l’œil (j’ai peur de ramasser du gras dessus, bad move).
Là, ya encore le dealer qui attend le gros tocard, parce qu’il a encore pas vu que c’était son tour de jouer, il répondait à la serveuse. Je suis impatiente parce que tout le monde a foldé pour une fois, et je suis en petite blinde, alors je vais peut-être enfin pouvoir jouer un pot.
PD : come on. You’re so LOW.
Tocard seat 2 : okay okay okay sorry miss, sorry, im reaaaally sorry miss, im sorry. Okay. Aaaaahh. I call.
Et là, c’est je regarde mes cartes, et j’ai
.
Je les avais pas vu avant. Je les regarde plus avant depuis que Guillaume a trouvé un truc sur moi quand j’ai les as.
J’ai les as. J’ai les as. Ils sont arrivés : ENFIN.
Je relance à 10, la grosse blinde fold, et le gros tocard paie.
Sauf que , comme il est gros, et complètement saoul, et vraiment con, et vraiment très près de moi, et qu’il lève sa main bien haut comme un abruti,
j’ai bien le temps de la voir, il a
.
Je rigole bien, non seulement j’ai les AS, mais en plus je sais ce qu’il a, donc je vais bien pouvoir le manœuvrer sur toutes les streets.
Le flop va bien m’arranger, et vient
,
.
Mais voilà, il va toucher son neuf, je vais l’emmener au bout du monde car il n’a pas de carreaux, et lui, il n’aura pas peur du carreau.
Je mets une pépite à 20, qu’il paie, évidemment, non sans re-regarder une deuxième fois sa main, pour vérifier qu’il a bien le jeu max qu’il pensait. It’s okay.
Au turn, c’est un
, et j’espère que ça ne va pas le décourager de payer ma deuxième pépite, à 40.
Mais ça passe bien, il paie aussi la deuxième. J’ai bien fait grossir le pot, et je m’inquiète pas, je sais bien qu’à part l’asiate au bout de la table, personne n’a vu que je m’étais bien commitée dans le coup, et que c’était la première main que je jouais.
Par contre là où je rigole moins, c’est quand je vois arriver la river, qui est un
Voilà, maintenant il a fait brelan, ya plus aucun moyen pour moi de me sortir de ce coup, j’ai envie de me pendre, j’ai envie de tout casser dans le casino.
Je checke la mort dans l’âme, il mise je sais plus combien et je suis obligée de mucker.
Je ne sais pas trop ce qu’il a compris du coup,j’ai envie qu’il meure parce qu’il est CON parce que c’est une ATTRACTION DE CONNERIE et qu’il ne sait pas ce qu’il m’oblige à mucker, je le HAIS parce qu’il ets gros et moche et mal habillé et qu’il m’empêche d’arriver tranquille à mes chaussures en diamants !
Je le hais parce qu’il sait même pas ce que c’est le grind des chaussures en diamants de vegas, je hais son sale sourire de retarded, si j’étais un mec je le traiterais de sonofabitch pour me faire sortir du casino par des agents de sécurité, au moins ça me défoulerais.
J’ai envie de hurler sur tout le monde, d’arracher mes habits comme Hulk et de tout faire tomber, et que tout le monde passe une MAUVAISE soirée et soit malheureux.
Moi j’ai pas le sang-froid de l’asiate, je prends ma petite carte, j’enfonce ma casquette sur ma tête, et je crache mentalement sur ce gros veau YOU UGLY SONOFABITCH !
Je cash-out les 40$ qui me restent, je claque la porte en verre de la poker room, je me perds dans le harrah’s, et sans trop savoir comment je me retrouve dehors, à suffoquer dans la chaleur que je n’attendais pas. C’est idiot je crois que j’ai les larmes aux yeux alors que j’ai même pas été décavée.
Je comprends pas pourquoi je suis dans cet état,
je comprends pas pourquoi ça me fait trembler de rage,
je comprends pas pourquoi j’ai pas eu l’intelligence de me calmer et de rester attendre de faire brelan contre le gros.
Je comprends pas ce qui se passe et ya plein de gens autour de moi à marcher et à boire dans leurs énormes jarres ou récipients en forme de tour eiffel, de guitare, ou de chaudron.
D’un coup je comprends plus ce que je suis venue faire à vegas, j’ai l’impression que l’heure qui vient de s’écouler m’a totalement échappé, je reste là sans avancer devant le Harrah’s, je fais vraiment plein d’efforts pour pas m’éparpiller partout.
Recollect.
Quand je retourne dans la chambre, il doit être une heure du matin, MichelMichel et Christo qui sont tous les deux malades sont couchés. Christo me demande si j’ai embourbé, et je pense qu’il a un read sur moi, car il me dit :
« ah PD, vous voulez qu’on aille faire un tour là ? ça me paraît pas bien d’aller se coucher comme ça… »
Alors on décide qu’on va aller au walgreen acheter du soda, pour se détendre.
Ya un walgreen un peu plus haut sur le strip, en allant vers le sahara. On y va à pied avec Christo, et sur le trajet, je fais que de lui raconter, mais comme je suis très énervée, je pense que je suis pas très claire, je me répète, et je m’énerve, et je m’énerve encore, et heureusement pour christo qu’on arrive dans Walgreen, et qu’il y a plein de sortes de soda, car sinon vraiment, je crois qu’il n’aurait pas tenu plus longtemps.
Je me dis que c’est quand même vraiment bizarre Vegas.
Il est deux heures du matin, on est dans un supermarché qui vend du soda par barils de 3L, et on est là avec Christo, en short, en train d’acheter un soda à la lutéine et du baume à lèvre, et j’arrive pas à me calmer, je suis à bout de nerf et au bord des larmes
A cause de deux bout de carton avec écrit AA dessus.
C’est la fin de Vegas, il reste qu’un jour de vegas, j’ai l’impression que c’est allé tellement vite que je n’ai rien compris.
Je ne sais pas vraiment ce que je suis venue chercher ici, mais je pensais pas que ça pourrait me mettre dans cet état.
Il y a des millions de trucs que je devrais être en train de faire pour profiter de mes derniers moments à Vegas, mais là je sens que je suis à bout de forces et j’ai juste envie d’aller me coucher et de plus penser aux cartes.
Avec Christo, on arrive à chatter un Deuce [have fun, ride the deuce. 2 dollars one way, 5 dollars aaaall day. Exact change required.] pour rentrer.
Et pendant que je suis assise là à avoir froid dans la climatisation bien bombe du bus, je bois un peu de mon soda à la lutéine.
C’est quand même bien pour ça Vegas,
C’est qu’à toute heure si on va vraiment mal,
On peut encore boire du soda.

Christo et MichelMichel discutent d’un coup où tout le monde à la table voulait savoir ce que Michel avait, et l’information semblait de haut prix, alors que pour Christo ça semblait limpide : un call de MichelMichel en grosse blinde, un bet de l’autre au flop, callé par Michel, suivi d’un raise sur le bet du mec au turn :
alerte, MichelMichel a le brelan.

Ben oui, parce que Michel, avant de partir, il avait révisé toutes les stratégies de Monsieur Poker, et ils connaissaient bien cette solution de secours pour le cas où on n’est pas ultra bon à avoir les as.
MichelMichel avait bien branlé avec une paire de deux, et ça restera le mystère pour le reste de la table qui continuera à l’interroger sur cette main jusqu’à la fin du tournoi.
Quand je reviens à ma table, je constate que la Castafiore a un stack énorme et un M de 38, ce qui est quand même vraiment PAS MAL.
Je vais avoir l’occasion, une fois, de faire brelan contre un mec en limpant une pocket, ce qui me donnera le plaisir de FAIRE TAPIS contre lui (en plus je l’aimais pas bien), mais il foldera finalement vu qu’il avait juste un as (et je muck un as…).
Après les blindes sont devenues piquantes, et j’en suis vite arrivé à la phase la plus palpitante du tournoi, celle où on recalcule son M à tous les tours, c’est où ENFIN on peut faire tapis à tout va.
Dans le circuit, ils ‘appellent ça « le push/fold », mais moi vraiment je préfère dire « j’en suis à faire tapis ».
Donc j’en étais à faire tapis, chose que j’ai faite deux fois à ma table jusqu’à un changement qui me fait échapper de justesse à la grosse blinde, et j’atterris à la table de MichelMichel, bien en embuscade derrière ses ray-ban, sous son sweat à capuche.
J’arrive UTG, et les blindes vont bientôt être sur moi, j’ai


Je vais faire avoir à faire tapis sur la grosse blinde de Michel, ça me plaît pas bien, parce qu’il sait que je vais le faire avec any two ace, mais tant pis, et en plus là, j’ai :


Mais bon j’ai toujours pas doublé, il faut continuer d’aller à tapis, et cette fois-ci je vais aller à tapis en MP avec




Bon ADMETTONS que ça soit pas un vrai slowroll, et qu’il ait fait ça parce qu’il voulait que la grosse blinde paie aussi, admettons, mais vraiment si j’avais pas eu la mort de sortir comme ça du tournoi, j’aurais bien aimé l’avertir qu’on me slowroll pas comme ça ! "okay guy you got aces, but DON’T EVER try to slowroll me again that way. You don’t know who I am"
Putain j’y crois pas, je me suis fait slowroller à Vegas, et en plus, j’ai perdu !
C’est toujours un peu frustrant de se dire « ben ça y est j’ai perdu » tout ça pour un tapis avec QK, sauf que bon, yavait pas vraiment d’autre chose à faire que tapis – en plus c’est pas comme si c’était pas ma passion – et c’est tant pis pour moi j’avais qu’à être aussi skillée que Jérôme et pas runner dans les as de l’autre slowrolleur !
Quand je sors du tournoi, il doit être 15h30 par là, et je vais rejoindre Christo qui a perdu lui aussi.
De retour dans ma chambre, je suis un peu énervée, je me dis que ce tournoi m’a éloigné de mes chaussures en diamants, alors que si je l’avais pas joué et que je le mes étais acheté direct, ben à l’heure qu’il est je serais presque itm.
Bon alors je me console en me disant que j’ai quand même pas perdu mon temps à vegas.
Oui parce que, ce que je ne dis pas depuis le début de cette histoire, c’est qu’à Vegas, j’ai décidé de me constituer un service à couverts noirs en plastique.
Oui, parce que dans tous les food court des casinos et des centres commerciaux, ya toujours des stand en libre service (rappelez-vous le plan du food court),

où ils fournissent des couverts (en plastique noir), des pailles (nuts), des serviettes, du sucre (et même de l’aspartam -> en plus regardez comme leur aspartam est BEAU)

et vraiment les gens n’ont pas la passion de s’en servir, contrairement à moi.
Moi je pense que ces couverts seraient du plus bel effet avec mes assiettes noires, donc depuis le début du séjour, je grinde les food court de vegas pour me constituer mon service.
Et là vraiment, en faisant l’inventaire, je trouve que je suis plutôt PAS MAL.
Et puis Michel et Christo m’ont bien aidé à en embourber plusieurs.

Pendant que MichelMichel est en train de marcher sur sa table de tournoi, je décide que je vais aller faire un peu de cash-game, parce que demain ça sera notre dernier jour de Vegas : ça sera l’heure du bilan, et le moment de décider si oui ou non je peux m’offrir les chaussures en diamants.
Maintenant moi, je suis un reg de la poker room du Venetian : ils me demandent même plus mon passeport pour vérifier mon âge, je rentre DIRECT ! Mais ouais !
J’atterris au seat 1 d’une table où je m’aperçois très vite que je n’ai pas ma place.
Ya un mec au seat 4, une vraie tête de con, en même pas deux minutes je sais que je vais le haïr. Il jeune, grand, blond, mais bovin, il a un gros menton comme Averel Dalton, il est un peu rouge sur les pommettes, subtilement mises en relief par une fine pellicule de transpiration, il a un grand tee-shirt de basket et il se tient avachi sur sa chaise dont le dossier est retourné, pendant qu’il se fait masser.
Et lui ce qu’il fait, c’est qu’il balance une pépite à 15 à environ 99% des mains preflop.
C’est insupportable, on peut pas jouer.
Alors en temps normal, j’aurais vite fait demandé un table change, et là je sais pas pourquoi, je suis restée, et peu à peu je me suis énervée.
En fait dire « peu à peu », ça n’est pas rendre justice à mon capacité à mettre extrêmement rapidement d’humeur massacrante : soyons honnête, en deux tours je suis en tilt.
Et au lieu de faire comme d’habitude, à savoir folder en me disant « c’est pas grave PD, tu vas finir par l’attraper avec tes as »,
je me suis mis à payer ses relances avec des pockets.
On est bien d’accord, c’est ce qu’il aurait peut-être fallu faire avec un tapis normal, mais quand on short-stacke à 100, on paie pas des relances à 15, surtout si on sait qu’on ne jouera pas sans le brelan.
Bref : c’était complètement idiot, et en plus, je devais pas être en grande forme, je branlais jamais.
Aucun de mes AK n’a touché, aucune de mes pockets n’a branlé : il n’en fallait pas tant pour me mettre hors de moi.
Joe Dalton cash-out (il était temps), et c’est Christo qui prend sa place.
Par je ne sais quelle magie, Christo comprend direct que je suis complètement en tilt. Il dit rien, et lui il embourbe quelques pots, parce que bon, c’est Christo : il sait jouer aux cartes. Moi par contre, ça marche toujours pas.
Résultat des courses, mon tapis diminue, et en plus, à côté de moi ya un connard qui fait que de parler à son pote à l’autre bout de la table, et qui lui demande ce que c’est que ce hamburger qu’il a commandé à la table, et comment il a payé, et qui finit par se décider à commander lui aussi.
Le malheureux, il est tout excité à l’idée de commander à la table, comme les grands joueurs qui sont tellement en train de se faire de l’argent qu’ils peuvent pas se lever pour aller manger.
Il se fait servir un truc de tapas où je sais pas quoi, enfin je m’y connais pas trop dans l’univers du burrito, mais ça ressemble à un truc mexicain que j’aurais pas envie de manger, qui est gras et épicé.
En tout cas, ça l’aide pas spécialement à bien jouer car il gagne pas un pot, et son tapis de départ à 200 tombe aux alentours de 130 140.
Et ça pue la bouffe à la table, ça me met hors de moi.
Enfin je me dis que là ça commence vraiment à m’énerver, je me dis que je vais finir mon tour de blinde et aller cash-outer, avant de perdre plus d’argent.
Et puis juste avant de cash-outer, je reçois


J’ai vraiment pas envie de me faire partouzer mais je vais quand même pas folder les dames [les bitchs, il pouvait rien faire…] du coup je raise à 15.
Le tocard de mangeur de tapas ne prend même pas la peine de s’essuyer la sauce mexicaine qu’il a sur les lèvres pour dire « i call ». Et on ne sera que deux dans ce coup.
Le flop vient



Christo me regarde, il doit penser que j’ai l’as, puisque d’habitude, c’est toujours moi qui a l’as, et ça me rend triste de penser qu’il y a ce flop, et que moi j’ai pas l’as. En plus il sera déçu.
Je me dis que si j’embourbe le pot, je lui dirai jamais que j’avais pas l’as.
Evidemment je n’aime pas ce flop.
Mais j’avoue que j’aurais été plus ennuyée s’il n’y avait eu qu’un as. Un seul as et j’aurais très certainement check-foldé mes dames, ou peut-être que j’aurais tenté un premier bet, et que j’aurais abandonné le pot si j’avais été suivie. Mais là je ne sais pas, le fait qu’il y ait deux as, je me dis non, le bouffeur de tapas n’est pas assez skillé pour floper le brelan.
Donc, je vais une tentative et je bet 25.
Le mangeur de tapas me paie. Le turn ne m’améliore pas, je ne sais même plus ce que c’est. Je me suis commitée dans ce coup en fait. Je peux bien avoir des semblants de délibérations internes, qui me feraient dire que il pouvait me payer avec les jacks ou les dix, de toute façon c’est rien qu’un abruti qui mange des tapas, mais en vérité, ya rien d’autre à dire que « maintenant je me suis commitée dans ce coup », et donc je fais tapis pour ce qu’il me reste, à savoir pas grand-chose : 30.

Il paie, et il avait


What the heck ! Is there, by any chance, « rape me » writen on my brow ??
Je me lève, et avec le geste le plus méprisant dont je suis capable, je lui demande de dégager sa petite tablette et ses tapas et ses doigts sales, pour que je puisse sortir de la table sans salir mon pantalon blanc. J’entends que ça rigole à la table derrière moi, et en d’autres circonstances, je me serais volontiers féliciter de ma belle sortie.

Là, je suis plutôt d’humeur à whiner.
Putain de tocard de merde, aller me payer avec A2, MOI, MOI me payer avec A2, alors qu’il était bien short lui aussi, et qu’il était MEME PAS suité.
J’ai grave les glandes, je trouve que moi ,
MOI, PD, __penelope__ johanne no limit 1 2, je mérite le respect, et je ne veux pas qu’on souille mes dames avec


L’enfer des tables de cash game à Vegas !
Je vais voir où en est MichelMichel, et en fait, je m’aperçois que lui aussi il vient de sortir.
Il me dit qu’il est itm, mais il a pas l’air content du tout comme quelqu’un qui est itm.
En fait, il était peut-être deuxième en chips de sa table, et vraiment bien parti pour embourber plein d’or au Venetian, ya un shorty qui a boîté, et puis il a fait tapis derrière, avec


Le vieux a fait brelan, et MichelMichel est sorti 11ème du tournoi.
Il est vraiment très énervé, et d’ailleurs, au break d’après, ya quelques mecs qui sont venus voir michel pour lui dire qu’ils trouvaient le move du vieux complètement con.
Vous connaissez michel, la compassion des autres a toujours beaucoup d’effet sur lui.
Guillaume lui, il a fait la tf, et bon, comme j'ai pas mal passer de temps dans l'année à le coacher sur les sng 1$ 5itm sur 10 de bodog poker, il a fait des petits progrès,
et il réussit à finir 8ème.
Je suis assez modeste, je n'insiste donc pas trop sur la part de mérite qui me revient dans cette affaire.
Après le tournoi, on va aller faire un tour au slot, pour regarder comment Jérôme va essayer pour la dernière fois d’inculquer à Guillaume les rudiments de la gestion de BR en slot, où de lui expliquer comment monter un stack à partir de 10$.

Evidemment, comme Guillaume est dissipé et qu’il écoute jamais rien de ce qu’on lui dit, ça met du temps, et puis ça marche mal, ça désespère jérôme, qui est meilleur joueur que pédagogue (c’est le lot des champions).


Jérôme et Guillaume vont aller faire leurs valises, car pour le dernier jour de Vegas, on a décidé qu’ils mettraient leurs valises dans notre suite, vu qu’on ne pense pas qu’on dormira beaucoup dans la nuit du samedi au dimanche, et que donc c’est inutile de payer deux grandes suites pour rien.
Alors demain matin à l’aube, ils rendront leur chambre et déposeront tout ça chez nous.
Bref, pour penser à autre chose on va aller manger un truc, et moi je décide que j’ai vraiment besoin d’un bon double shot on ice (venti).
Oui parce que la fin de Vegas se rapproche, après yaura plus de starbucks à tous les coins de rue, et d’ailleurs en France ils ont pas le double shot, donc il faut vraiment que j’en prenne plein maintenant, pendant que je peux en avoir.
Pour la fin de soirée, je décide que je vais aller jouer dans un endroit plus rassurant pour moi, j’ai plus envie de retourner au Venetian, j’ai l’impression que ça va encore mal se passer, et en plus le soir je préfère aller ailleurs, et j’ai bien envie de retourner jouer une dernière fois au Harrah’s.
Je me dis que c’est pas grave si je gagne pas, je vais passer une bonne soirée car souvent je m’amuse bien là-bas, je perdrais peut-être 20 ou 30 et j’en serais quitte pour pas grand-chose. En plus, le Harrah’s est tout près d’un starbucks, donc au pire des cas je me consolerai avec un double shot (oui, un autre).
MichelMichel et Christo me laissent à l’entrée du Harrah’s, je crois qu’ils vont aller boire des bières, ou peut-être jouer à la roulette, ou peut-être profiter que près du Venetian, le Sephora est ouvert jusqu’à minuit, je ne sais pas vraiment.
Quand j’arrive dans la poker room, on m’explique que si j’attends un petit quart-d’heure, une table va bientôt s’ouvrir.
Je vais m’assoir, au seat 3 (j’aurais dû prendre le 1), et je vois s’assoir les gens autour de moi.
Ya un gros garçon tout joufflu qui vient s’assoir au seat 2.
Il sent vraiment la bière, sa chemise à carreaux bleu et blancs de bûcheron est crade, il transpire et il soufle (wth il a courru si longtemps pour arriver à la poker room ?) il fait un sourire niais et il me regarde avec un air un peu effarouché. Il a une bière à la main, et il sait pas où la poser, il met du temps à comprendre que le cup-holder, c’est justement fait pour ça.
Il est pas encore installé qu’il m’agace déjà.
Juste en face de moi à l’autre bout de la table, il y a pratiquement son double en un peu moins gros, et la chemise est à carreaux rouge et blanc.
Je comprends vaguement qu’ils sont frères, ou du monis qu’ils se connaissent depuis longtemps, grâce aux interventions d’un troisième gros garçon, plus grand, mais qui sent tout aussi fort la transpiration, qui s’assoit au seat 5 .
Il est un peu saoul lui aussi. En 6, ya un moustachu type Asterix, avec un marcel d’un blanc douteux, au 7, un asiate assez jeune, qui m’a l’air un peu en embuscade, et c’est le seul qui se cave à plus de 200.
Au seat 9, ya un mec d’environ 35 40 ans, avec plein de tatouages, un tee-shirt noir un peu moulant autour de ses bras un peu trop musclés (moi j’aime les mecs qui sont un peu coupants des bras, alors forcément là ça me plait pas), et il tient une fille par la taille (non, si on voulait vraiment rendre compte de la situation, il la tenait par les fesses), une blonde bien vulgaire, toute pleine de sein, de parfum, de rouge à lèvre et d’eye-liner bas de gamme.
Elle est étrange cette table ; Les gens sont là, mais on dirait qu’ils ne savent pas pourquoi.
Ils se regardent, ils regardent tout autour d’eux, ils ont un air bête et gênés, ils sont tout repliés autour de leur stack, et quand ils parlent entre eux, les trois là, les deux frère set le copain, je comprends absolument rien.
Celui qui arrive à la table pour dealer, c’est ni Doddie, ni Etienne, ni un des autres dealers que j’ai déjà vu, mais c’est le poker manager de la room.
Je trouve ça bizarre, j’avais pas remarqué qu’on était nombreux au point de run out de croupier…
Enfin, le jeu commence, et là, c’est juste l’horreur.
Le dealer, à tous les tours, il doit dire au groupe de trois (et à deux autres qui sont aussi complètement largués) ce qu’ils doivent faire, poser leur blinde, folder, checker ou miser, et il faut leur redire au flop, et sur toutes les streets,
et il faut les empêcher de parler quand c’est pas leur tour,
et il faut les empêcher de better 1 dans un pot de 14, parce que 1 c’est pas tout à fait la grosse blinde,
il faut faire comprendre pourquoi on ne peut pas relancer à 12 quand il ya déjà une relance à 8, enfin en clair :
ils sont vraisemblablement venus jouer là SANS savoir jouer. Et c'est sûrement pour ça qu'ils ont sorti le poker manager au lieu d'un croupier normal. Parce que pour gérer cette fine équipe, il va falloir des nerfs d'acier.
Même pas ils auraient regardé Patrick à la télé ces cons là, NON, rien, ils ne savent RIEN.
Alors, jouer UNE main prend des heures, surtout que tous les trois, ils sont pas mal saouls, et que Astérix, il est pas saoul, mais il est pas non plus au clair sur les tours de parole et les relances, et qu’à ma gauche, ya deux tocards qui me demandent ce qu’il se passe au moment où le tatoué du seat 9 décide de poser un straddle sur la grosse blinde.
Mais le pire, le pire de tout ça, c’est que les trois gros, ils ont la passion de jouer des mains.
Ils foldent jamais, et je pourrais pas vous le décrire, parce que c’est trop fou, mais les coups se déroulent d’une façon horrible et improbable.
En fait, imaginez des enfants qui connaîtraient vaguement les combinaisons possible du holdem (mais pas au-delà du brelan, parce que après c’est trop compliqué).
Vous les freerollez pour qu’ils puissent aller à tapis sur TOUS les flops.
Et vous les laissez s’écharper comme ça.
Et ben ça vous donne vaguement une idée de ce qui se passait à la table.
On était trois à être complètement en tilt après un quart d’heure de jeu. L’asiate, qui essayait de bluffer des coups, alors que c’était impossible de bluffer ces trois outres à bières complètement stupides, et qui foldaient rien, le tatoué en tee-shirt moulant, qui était énervé qu’on ne joue aucune main, et moi, qui était au bord de la crise de nerf.
Je vous jure, le gros qui renversait de la bière sur le tapis, qu’il essuyait d’un revers de main transpirante, qui riait comme un abruti, et l’autre attraction de connerie qui lui répondait à l’autre bout de la table, c'était juste insane, et le jeu n’avance pas car au milieu d’une main, naissent des débats palpitants :
Tocard seat 5 : huhoo, hey hey Rob, stop eating that, stop eating you fat pig, you should get some gum
Tocard seat 2: huhuh, gum? Why that? Why gum?
Tocard seat 8: he’s right hey, he’s right huhaaa, I’ve read chewing gum make you loose weight. You’re fat. Chew some gum.
Tocard seat 2: I don’t have gum. You got some?
PD: NO. It's YOUR turn to act. I'm waiting.
Tocard seat 6: here you go, ask the girl
Tocard seat 2: okay okay oaky wait uhh ahh, hey, hey miss, could I have … have some gum?
Waitress: sure. There you go. 8$
Tocard seat 2: 8$ ! wow. Woooww. Okay wait, wait
Et pendant ce temps, le poker manager attend patiemment qu’il trouve son argent, paie la cocktail waitress, range son argent, retrouve ses chewing-gum, prenne un chewing-gum, regarde sa main, réfléchisse (oui, car il prennait vraiment de TRES grandes pauses pour réfléchir), decide finalement qu’il va payer, et regarde tout le monde avec l’air de dire “yeah. I did it man. I did it. I’m playing poker. I’m a player poker man.”
Ça me rend malade. Ça me rend malade. A tous les tours je soupire, et tape sur la table, j’arrive pas à me calmer. J’arrive pas à faire comme l’asiate, à prendre mon mal en patience et me dire que jouer contre des hommes saouls qui n’hésitent pas à recaver, c’est le rêve de n’importe quel gambler.
A chaque main, ça part à tapis : je ne plaisante pas, c’est aussi pour ça que chaque main prend énormément de temps.
Ces tocards, ils s’écharpent à coups de top pair sur des flop 678 ça finit presque TOUJOURS à tapis, et Asterix, quand il arrive à les attraper avec une double pair ou un brelan, il embourbe DEUX tapis en même temps. Les pots sont énormes, ya toujours presque 200, et c’est même souvent plus, et à chaque fois, PERSONNE ne tippe le croupier (en l’occurrence, le poker manager en costard).
Au bout d’un moment, quand asterix embourbe un pot à 380 sans tipper, je peux plus me retenir:
PD: sorry but, are you gonna consider the possibility of tipping the dealer when you take a 400$ pot each hand ?
Asterix : WAT?
PD: yeah. I am not gonna teach you what you got to do in your country, but I do think you are supposed to tip.
Alors il me regarde avec un air débile, et il donne 10$ au croupier, qui rigole et qui me dit “thank you for that”.
C’est bizarre, j’ai pas encore perdu d’argent, mais je suis completely steaming.
Je tiens pas en place sur mon siège, c’est comme si yavait plein de ressorts partout dans mes jambes et mes fesses, il faut que je me lève, j’ai envie de hurler, j’en peux plus d’être là parmi ces mecs complètement saoul, cette table, c’est une galaxie de connerie et de bière et de transpiration, ils me parlent et j’entends plus rien, j’ai envie que Christo et Michel viennent me chercher, ou alors qu’ils seatent à la table, pour qu’au moins quelqu’un soit TEMOIN de ce qui se passe .
J’ai peur que personne ne me croit.
J’ai peur que personne ne sache ce qui se passe à cette putain de table.
Ils sont en train d’apprendre le poker, ils sont saouls, ils sont gros et horribles et ils font N’IMPORTE QUOI AUX CARTES, et ils ne sont pas conscients de ça.
Je suis à l’agonie.
Je devrais être aux anges. Je devrais me dire que si je suis patiente, cette table, c’est de l’or. Je devrais prendre plein de redbull pour rester ici toute la nuit, car eux, ils sont trop saouls pour partir, et en plus, ils s’amusent bien.
Je vais me casser. Je vais vraiment partir, car j’ai peur d’en gifler hein, ou de lui enfoncer le talon de mes scandales dans l’œil (j’ai peur de ramasser du gras dessus, bad move).
Là, ya encore le dealer qui attend le gros tocard, parce qu’il a encore pas vu que c’était son tour de jouer, il répondait à la serveuse. Je suis impatiente parce que tout le monde a foldé pour une fois, et je suis en petite blinde, alors je vais peut-être enfin pouvoir jouer un pot.
PD : come on. You’re so LOW.
Tocard seat 2 : okay okay okay sorry miss, sorry, im reaaaally sorry miss, im sorry. Okay. Aaaaahh. I call.
Et là, c’est je regarde mes cartes, et j’ai


Je les avais pas vu avant. Je les regarde plus avant depuis que Guillaume a trouvé un truc sur moi quand j’ai les as.
J’ai les as. J’ai les as. Ils sont arrivés : ENFIN.
Je relance à 10, la grosse blinde fold, et le gros tocard paie.
Sauf que , comme il est gros, et complètement saoul, et vraiment con, et vraiment très près de moi, et qu’il lève sa main bien haut comme un abruti,
j’ai bien le temps de la voir, il a


Je rigole bien, non seulement j’ai les AS, mais en plus je sais ce qu’il a, donc je vais bien pouvoir le manœuvrer sur toutes les streets.
Le flop va bien m’arranger, et vient



Mais voilà, il va toucher son neuf, je vais l’emmener au bout du monde car il n’a pas de carreaux, et lui, il n’aura pas peur du carreau.
Je mets une pépite à 20, qu’il paie, évidemment, non sans re-regarder une deuxième fois sa main, pour vérifier qu’il a bien le jeu max qu’il pensait. It’s okay.
Au turn, c’est un

Mais ça passe bien, il paie aussi la deuxième. J’ai bien fait grossir le pot, et je m’inquiète pas, je sais bien qu’à part l’asiate au bout de la table, personne n’a vu que je m’étais bien commitée dans le coup, et que c’était la première main que je jouais.
Par contre là où je rigole moins, c’est quand je vois arriver la river, qui est un

Voilà, maintenant il a fait brelan, ya plus aucun moyen pour moi de me sortir de ce coup, j’ai envie de me pendre, j’ai envie de tout casser dans le casino.
Je checke la mort dans l’âme, il mise je sais plus combien et je suis obligée de mucker.
Je ne sais pas trop ce qu’il a compris du coup,j’ai envie qu’il meure parce qu’il est CON parce que c’est une ATTRACTION DE CONNERIE et qu’il ne sait pas ce qu’il m’oblige à mucker, je le HAIS parce qu’il ets gros et moche et mal habillé et qu’il m’empêche d’arriver tranquille à mes chaussures en diamants !
Je le hais parce qu’il sait même pas ce que c’est le grind des chaussures en diamants de vegas, je hais son sale sourire de retarded, si j’étais un mec je le traiterais de sonofabitch pour me faire sortir du casino par des agents de sécurité, au moins ça me défoulerais.
J’ai envie de hurler sur tout le monde, d’arracher mes habits comme Hulk et de tout faire tomber, et que tout le monde passe une MAUVAISE soirée et soit malheureux.
Moi j’ai pas le sang-froid de l’asiate, je prends ma petite carte, j’enfonce ma casquette sur ma tête, et je crache mentalement sur ce gros veau YOU UGLY SONOFABITCH !
Je cash-out les 40$ qui me restent, je claque la porte en verre de la poker room, je me perds dans le harrah’s, et sans trop savoir comment je me retrouve dehors, à suffoquer dans la chaleur que je n’attendais pas. C’est idiot je crois que j’ai les larmes aux yeux alors que j’ai même pas été décavée.
Je comprends pas pourquoi je suis dans cet état,
je comprends pas pourquoi ça me fait trembler de rage,
je comprends pas pourquoi j’ai pas eu l’intelligence de me calmer et de rester attendre de faire brelan contre le gros.
Je comprends pas ce qui se passe et ya plein de gens autour de moi à marcher et à boire dans leurs énormes jarres ou récipients en forme de tour eiffel, de guitare, ou de chaudron.
D’un coup je comprends plus ce que je suis venue faire à vegas, j’ai l’impression que l’heure qui vient de s’écouler m’a totalement échappé, je reste là sans avancer devant le Harrah’s, je fais vraiment plein d’efforts pour pas m’éparpiller partout.
Recollect.
Quand je retourne dans la chambre, il doit être une heure du matin, MichelMichel et Christo qui sont tous les deux malades sont couchés. Christo me demande si j’ai embourbé, et je pense qu’il a un read sur moi, car il me dit :
« ah PD, vous voulez qu’on aille faire un tour là ? ça me paraît pas bien d’aller se coucher comme ça… »
Alors on décide qu’on va aller au walgreen acheter du soda, pour se détendre.
Ya un walgreen un peu plus haut sur le strip, en allant vers le sahara. On y va à pied avec Christo, et sur le trajet, je fais que de lui raconter, mais comme je suis très énervée, je pense que je suis pas très claire, je me répète, et je m’énerve, et je m’énerve encore, et heureusement pour christo qu’on arrive dans Walgreen, et qu’il y a plein de sortes de soda, car sinon vraiment, je crois qu’il n’aurait pas tenu plus longtemps.
Je me dis que c’est quand même vraiment bizarre Vegas.
Il est deux heures du matin, on est dans un supermarché qui vend du soda par barils de 3L, et on est là avec Christo, en short, en train d’acheter un soda à la lutéine et du baume à lèvre, et j’arrive pas à me calmer, je suis à bout de nerf et au bord des larmes
A cause de deux bout de carton avec écrit AA dessus.
C’est la fin de Vegas, il reste qu’un jour de vegas, j’ai l’impression que c’est allé tellement vite que je n’ai rien compris.
Je ne sais pas vraiment ce que je suis venue chercher ici, mais je pensais pas que ça pourrait me mettre dans cet état.
Il y a des millions de trucs que je devrais être en train de faire pour profiter de mes derniers moments à Vegas, mais là je sens que je suis à bout de forces et j’ai juste envie d’aller me coucher et de plus penser aux cartes.
Avec Christo, on arrive à chatter un Deuce [have fun, ride the deuce. 2 dollars one way, 5 dollars aaaall day. Exact change required.] pour rentrer.
Et pendant que je suis assise là à avoir froid dans la climatisation bien bombe du bus, je bois un peu de mon soda à la lutéine.
C’est quand même bien pour ça Vegas,
C’est qu’à toute heure si on va vraiment mal,
On peut encore boire du soda.

1 commentaire:
Eh ben c'était vachement long! comme en plus je m'attendais vraiment pas à trouver une news, le bonheur est double : )
J'ai souffert quand même pendant ma lecture. Que d'horreurs!
Je vois qu'il faut être courageux pour survivre à Vegas!
Merci à toi pour cette suite, c'est vraiment agréable à lire.
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