POCKET ACES OH MY GOD
PART II

Alors bon, vous allez dire oui, oui oui, oui oui oui, c'est bien gentil ces petits posts de vegas
mais il faut toujours les attendre 1000 ans,
et pendant tout ce temps on a le temps d'oublier.
Et vous en concluez, tout naturellement, "elle fout vraiment rien PD ".
Et là je dis non.
Non, parce qu'en réalité, c'est un effet de style soigneusement calculé.
J'ai laissé passer un peu temps, parce que à Vegas aussi, le temps passe.
En vérité, entre le jour où Stephan, le dealer de la Secret ROom, m'a mystérieusement dealé les as, et le moment où reprend l'histoire,
il s'est écoulé pas moins d'une semaine.
Oui, car en une semaine, on a eu le temps de passer du MGM, où nous vivions nos derniers moments, au Encore de Steeve, et pendant cette semaine de battement, nous n'avions pas arrêté de grinder la secret room (hell no),
mais c'est Stephan en personne, qui avait visiblement un time off.
Quoi qu'il en soit, nous devions quitter Vegas un mardi soir dans la nuit,
et nous voilà au lundi, soit avant-dernier soir de Vegas,
et toujours pas trace de Stephan,
alors que ça fait un moment que, de mon côté, tout est en place.
Il y a quelques jours, j'ai acheté un gros scotch au wallgreen qui devait servir à plastifier la carte,
et à coller.
J'ai fait des tas de tentatives pour dessiner la carte de Stephan, mais j'ai vraiment eu du mal,
parce que soyons honnête, ya pas beaucoup de gens à LH avec une BANANE comme dans Happy days, du coup,
je m'entraine rarement à en dessiner.

J'ai fini par réussir, mais après ça a été long.
- Découper la carte avec des ciseaux à ongle,
- coller sans colle,
- insérer dans la carte une véritable carte pour la solidité (c'est un jocker en tête de cheval,
je n'ai toujours pas découvert ce que cette marque de carte à tenté de faire avec une tête de cheval, mais soit, ça sera une tête de cheval, en priant pour que Stephan n'ai jamais l'idée saugrenue d'ouvrir sa carte)
- s'engueuler avec Mr B parce qu'il fait que de me faire rater, et de prétendre qu'il peut coller mieux que moi, parce que lui il est professionnel,
- finir par lui laisser faire le collage, par forfait et exaspération,
- et préparer mentalement de quelle manière cool et casual et détendue on va donner cette carte à son destinataire.
Deal with it.
Ce soir, je vais aller seule à la secret room, parce que Monsieur B. veut vraiment aller jouer au Wynn,
"Mais PD, la NL300 c'est mieux, ya PLUS d'argent à prendre".
Quand j'arrive, il y a trois tables d'ouvertes, et deux personnes qui attendent.
A la table 2, Stephan est en poste, et d'ailleurs j'ai vu qu'il m'avait vu (normal, je brille plutôt bien grâce à mes artefacts).
Je me register et j'attends avec une fille qui a les cheveux roses.
Elle m'a attirée pour les cheveux roses, j'avais envie de parler avec quelqu'un qui soit plutôt bien assorti à moi. C'est comme les cartes suited, on a toujours plus envie de les jouer.
Mais quand même, je suis un peu déçue parce que de près,
elle est pas tellement belle.
Elle habite dans le Wisconsin, elle vient d'apprendre le poker,
et d'ailleurs, c'est la première fois qu'elle joue en casino ("oh really?")
ça tombe bien, ya un couple qui vient de quitter la table 2, donc il y a deux seats, et ils sont pour nous.
Je suis au seat 4, et elle au 5.
Elle a des tas de tatouages sur les avant-bras,
ça se voit qu'ils viennent d'être faits, et comme elle est déjà un peu potelée,
je me demande à quoi ils ressembleront, tous ces dessins,
quand ils auront pris de la largeur à cause de l'alimentation équilibrée du Wisconsin.
(j'ai très envie de lui parler du wisconsin, du fait que je SAIS que c'est ringard, parce que moi je regarde that 70's show, mais bon, je décide que ce soir je suis sympa).
Elle est un peu campagne dans l'esprit, elle aime bien dire "from where I come, ..." (suivi d'une banalité que même en France on connaît), parler lentement,
poser des tas de questions à Stephan, pleurnicher qu'elle n'a pas de cartes,
et accessoirement aussi, aller lentement quand elle regarde ses cartes, ce qui fait que, en général,
j'en vois toujours une sur deux. (not so bad).
Elle se fait décaver une première fois, mais elle avait cashiné à 70, alors c'est pas grave.
Son copain, qui lui aussi est du wisconsin est bien chaud pour rester, alors elle recave.
Et finalement, on va revenir au vrai sujet de ce post.
C'est Stephan qui a commencé à parler,
et le dialogue était un peu bizarre, du moins, elliptique.
Enfin, j'imagine que, de l'extérieur, tout n'était pas tellement clair.
- Your friend's not here?
- no.
- okay. (pause)
- Actually, I have it.
- You do?
- Yeah.
Je ne sors pas la carte.
Je ne veux pas la lui donner pendant qu'il deal, je me dis que peut-être,
il y a des lois qui veulent qu'on doit pas trop échangé de trucs secrets, cabalistiques ou designés en mort pendant les tours de deal.
En plus, il ya une ambiance vraiment cool à la table, ça faisait longtemps que j'avais pas ressenti ça, comme quand on fait un cash-game chez quelqu'un qu'on ne connaît pas forcément,
mais où sans qu'on sache comment, une sorte d'empathie se met en place.
Au seat 1, il y a un grand noir, maigre, qui a toujours l'air d'avoir fumé plein de shit,
c'est un total DUFUS, il joue comme un tocard, c'est un habitué de la secret room, non pas parce qu'il gagne,
mais parce qu'il est dans le secret resort.
Au seat 2 et 3, il y a deux vieilles femmes.
Elles jouent vraiment très secret room, à savoir que, si elles ont un as,
n'importe lequel (le kicker, c'est tellement surfait...), elles bourinent comme des déglingo sur n'importe quel flop.
Là n'est pas le problème, elles ont un as, et la paire d'as, c'est la meilleure paire,
si t'as mieux et que tu les déglingues, bah c'est un set up.
Au seat 4, ya moi, qui commence à en avoir marre que le topic de conversation revienne inlassablement sur l'everyday life du wisconsin.
Au seat 5, il y a la principale source d'information sur l'everydaylife du wisconsin.
Au seat 6, un asiate avec une chemise et une cravate et un costard, qui a expliqué d'entrée de jeu qu'il prend l'avion à 4h le lendemain,
et qu'il a la ferme intention de jouer toute la nuit.
Au seat 7, un homme ayant une faculté absolument paranormale à toucher des quinte max sur des flops multicolores.
Au seat 8, un new-yorkais très bavard et extrêmement attiré par l'univers du side-bet.
Au seat 9 et 10, deux autres hommes perdant systématiquement leurs side-bet contre le new-yorkais.

Je suis quand même un peu ennuyée, parce que maintenant, ça fait plus d'une heure que je suis là, et rien ne se produit, je ne joue pas de coup, et en plus, je n'ai pas d'as, alors que c'était quand même ce qui était prévu.
Je suis reconnue par un dealer à Vegas,
et il ne se passerait rien?
Et à la place, c'est une fermière aux cheveux roses du wisconsin qui tirerait toute la couverture à elle?
Je finis ma dernière gorgée de Nonni Berry, et après, je décide si je reste ou si je pars.
En plus, Stephan est en train de se lever pour aller à une autre table,
et de passer le relais à Marc, un autre secret dealer.
Stephan fait le tour de la table, et s'arrête à côté de moi,
alors je sors de mon sac ma petite carte.
En lui tendant, je suis plus du tout contente du résultat.
Je trouve que le dessin est pas mal, mais que la confection est cheap,
j'ai peur que le scotch ne tienne pas, et que la carte s'ouvre, laissant sortir le jocker en tête de cheval.
EN plus, je bégaie pour lui expliquer que j'avais pas de matériel, que j'ai fait ça avec les moyens du bord et blabla.
Mais en fait lui, il la regarde sous tous les angles, et il a l'air vraiment content, et même vraiment vraiment content,
et il me remercie
- it's like, like awesome. that's so cool I - I know I should have paid or something for thatL
It's like HEY i got my card. that's just awesome thank you -
- your option Miss, you check or bet?
Oui, dans l'opération, j'avais oublié que je jouais aux cartes, et là,
et Marc me rappelle à l'ordre, parce que bon, je suis en grosse blinde et c'est mon tour,
et plein de monde a limpé et attend de savoir si on va enfin pouvoir voir un flop pas cher.
Stephan s'en va pendant que je regarde mes cartes.
HELL.
J'ai les AS

Je l'ai déjà dit, je manque trop de skill pour limper ou checker mes as dans des coups à plus de 2 personnes, donc, tout aussi emmerdant que ça puisse paraître, je raise. Like, a really GOOD amount.
Le wisconsin fold, l'asiate chouine et folde (et oui, lacher les one gaper unsuited, ça fait toujours un petit pincement au coeur),
le seat 7 a senti qu'il ne ferait pas quinte et folde, le new-yorkais fold "because that's like my FIRST raise",
et finalement, il n'y a que le grand benet qui call.
C'est le client parfait, il en est à sa 4ème margarita et il est bien chaud, on est en HU, j'ai juste pas la position mais moi
J'AI LES AS!
Flop
attention, à vos carnets, profitez de l'aubaine pour noter le déroulement des coups à Vegas, il est rare que les choses se passent différemment.
PD bets (like, a really GOOD amount) 40 dans un pot de 50.
Le grand noir fait tapis pour 110.
PD call.
Le grand noir a
and he's way behind.
turn blank
river
Et le grand noir embourbe le magot, en commandant gaiment une autre margarita;
- I'm sorry
- NO, you're not.
- yess I'm sorry.
- okay then gimme my money back.
- ahah
- see? you're not sorry.
- okay i'm not sorry but I feel BAD.
- obviously you do. you PLAY bad.
La table rit, car la table, pour une raison que j'ignore, m'aime bien.
Le new-yorkais fait de fréquents commentaires sur les chausettes qui me servent d'artefact de bras, il fait des blagues que je ne comprends pas, et il dit aussi que c'est pas grave si je joue pas de coups, parce que j'ai un accent qui fait classy, et que je fais beau à la table. (oui mais ça je sais).
Même si je garde mon sang-froid, à l'extérieur, car je suis française et classe et cool et casual,
en vraie vérité, j'ai envie tout casser dans le casino, non pas parce que oh dear poor me someone just beat my aces,
mais parce que j'ai l'impression que je ne peux plus gagner un seul coup à vegas,
et que même le pire MORON de la table me prend mon or.
Je vais le serrer.
Je vais forcément le serrer
et reprendre mon dû (au centuple si possible).
Enfin bon maintenant que Stephan est parti, ça risque d'être plus compliqué de toucher des premium à gogo.
Mine de rien, sans as, j'arrive à revenir un peu des enfers, et de 60 où j'étais descendue, revenir à 180 (jai eu AK, et comme c'est la meilleur main du texas holdem no limit, forcément j'ai bien gagné).
je me calme un peu parce que c'est vrai qu'on s'amuse bien à cette table.
Surtout moi, qui ai tout loisir de voir comment on joue dans le wisconsin.
Cette fermière vient de doubler avec les rois contre les dames du grand noir,
elle n'a rien eu à faire, car il les a jouées comme un con.
Je ne dis pas que c'est facile de lâcher ses dames, mais je dis que quand une fille débute le poker,
et qu'elle limpe absolument tout,
et que là pour la première fois, elle a minraisé préflop et que sur votre reraise, elle a REraisé encore, ça sent un peu plus que A5, et qu'il aurait peut-être pu perdre moins que tout son tapis dans ce coup.
Anyway, c'était un peu marrant à voir.
Notre amie du wisconsin, fourbue d'avoir si bien gagné, décide de cash-outer et de filer du casino avec ses gains (avant que le floor ne la rattrape pour tout lui voler, on ne sait pas, las vegas, c'est pas comme dans le wisconsin. En plus, le père de MichelMichel l'a bien expliqué, quand on gagne au casino, il faut vite partir avec ses gains).
L'asiate à sa gauche se décale d'un rang vers moi, il ne veut plus être à côté de celui qui fait quinte, et il pense que le seat wisconsin portait chance.
Le dealer a changé aussi, et maintenant c'est une dealeuse, une asiate dont la passion était toujours de me parler de MrB pour me dire qu'il était beau. (ah bon?)
- Your friend's not here tonight? it's just you?
- hum ha, yeah, sorry about that, it's just me (mais merde, c'est pas sensé être moi la star aujourd'hui?)
- he plays somewhere else? (sir, it's ten to call, ten is the bet, ten to call)
- yeah.
- He's hot. Okay four players. you're first sir.
Le grand noir, qui commence à être de plus en plus joyeux et saoul, fait n'importe quoi.
Le new-yorkais me demande:
- I'd say you're from Paris, but tell me.
- I'm from france yeah.
Puis, le grand noir se lance:
- I've seen you and your friend in here. You two live in Vegas?
- actually no. We're here for 3 weeks and now, we've got two days left.
(Exclamations de toute la table, une femme expliquant qu'elle avait déjà du mal à survivre à 1 semaine, et qu'elle ne comprenait pas qu'on puisse rester si longtemps).
- It's kind of exhausting in a while, even if you stay in great hotels, and have great times and lot of soda. But maybe that's because of your money taken by stupid feelingbad guys...
La table rigole, et le new-yorkais m'explique que très bientôt, vu que le noir en est à commander les drinks par deux,
je devrais récupérer mon argent sans encombre.
Se faisant, quelqu'un me tape sur l'épaule.
C'est Stephan.
Il a fini son service de deal, il rentre chez lui, et il voulait me remercier encore pour la carte,
et définitivement, il a l'air vraiment content.
On parle un peu, de la carte, et de la mort, du commerce des ténèbres en déclin à Vegas,
et puis d'Elvis aussi.
Évidemment, ça m'a distraite un peu, et j'ai oublié de regarder mes cartes,
et la dealeuse doit encore me rappeler à l'ordre, alors je dis au revoir à Stephan, qui quitte la salle en levant sa carte à bout de bras.
Je regarde mes cartes.
HELL.
J'ai les as!

Croyez le ou non: je ne les ai PAS limpés. (un peu inattendu de ma part, mais bon, je n'oublie jamais mon lecteur, et pour lui, je ménage un peu de suspense).
J'ai donc raisé (a really GOOD amount), et personne n'a callé cette fois.
(Au moins, je n'ai pas perdu 130 bucks dans l'opération! C'est presque une pluvalue).
Mais j'espère que comme moi, vous vous foutez totalement de l'issue du coup: the thing is,
POCKET ACES OH-MY-GOD! Ce dealer est réellement un dealer d'as!
Bon, je ne suis pas une personne de surnaturel
mais bon, là, comme il est techniquement impossible que ces as m'aient été dealés à dessein,
je me dis que ce dealer doit avoir une sorte de fluide, et que, lorsqu'il fait apparition dans les alentours de ma personne,
il fait apparaitre les as.
Je ne peux pas rester longtemps à la table.
D'abord, parce que les plus avisés se rendront peut-être compte que des phénomènes paranormaux se déroulent à la table, et risquent d'aller prévenir le floor.
Je n'aimerais pas que Stephan soit in trouble à cause de moi.
Ensuite, parce qu'il faut que j'aille réfléchir à tout cela à tête reposée.
Le new-yorkais dit : "oh no you can't leave now. See, he's totally drunk and you were giving this table an exotic touch with your accent and all that pink stuff you've got on you."
Je suis flattée mais quand même,
je vais cash-outer, à ma somme de départ, sans bénéfice d'aucune sorte.
Mais quelle conclusion tirer de tout ceci?
Nous n'avons pas toutes les données en main.
Nous ne savons pas ce qui se passe dans les coulisses des salles de cartes.
Nous n'avons pas le recul et la statistique pour prouver que Stephan a un fluide paranormal qui,
entrant en contact avec mon aura de femme de cartes,
produit comme miraculeusement le POCKET ACES OH MY GOD.
Le seul moyen de découvrir ce qui se passe sous ce phénomène inexpliquable,
c'est de retourner à vegas, et de mener une enquête pointue et méthodique.
Ce qui me fournit donc une raison plus qu'urgente de retourner à Vegas.
Orientation documentaire et rationaliste.

PART II

Alors bon, vous allez dire oui, oui oui, oui oui oui, c'est bien gentil ces petits posts de vegas
mais il faut toujours les attendre 1000 ans,
et pendant tout ce temps on a le temps d'oublier.
Et vous en concluez, tout naturellement, "elle fout vraiment rien PD ".
Et là je dis non.
Non, parce qu'en réalité, c'est un effet de style soigneusement calculé.
J'ai laissé passer un peu temps, parce que à Vegas aussi, le temps passe.
En vérité, entre le jour où Stephan, le dealer de la Secret ROom, m'a mystérieusement dealé les as, et le moment où reprend l'histoire,
il s'est écoulé pas moins d'une semaine.
Oui, car en une semaine, on a eu le temps de passer du MGM, où nous vivions nos derniers moments, au Encore de Steeve, et pendant cette semaine de battement, nous n'avions pas arrêté de grinder la secret room (hell no),
mais c'est Stephan en personne, qui avait visiblement un time off.
Quoi qu'il en soit, nous devions quitter Vegas un mardi soir dans la nuit,
et nous voilà au lundi, soit avant-dernier soir de Vegas,
et toujours pas trace de Stephan,
alors que ça fait un moment que, de mon côté, tout est en place.
Il y a quelques jours, j'ai acheté un gros scotch au wallgreen qui devait servir à plastifier la carte,
et à coller.
J'ai fait des tas de tentatives pour dessiner la carte de Stephan, mais j'ai vraiment eu du mal,
parce que soyons honnête, ya pas beaucoup de gens à LH avec une BANANE comme dans Happy days, du coup,
je m'entraine rarement à en dessiner.

J'ai fini par réussir, mais après ça a été long.
- Découper la carte avec des ciseaux à ongle,
- coller sans colle,
- insérer dans la carte une véritable carte pour la solidité (c'est un jocker en tête de cheval,
je n'ai toujours pas découvert ce que cette marque de carte à tenté de faire avec une tête de cheval, mais soit, ça sera une tête de cheval, en priant pour que Stephan n'ai jamais l'idée saugrenue d'ouvrir sa carte)
- s'engueuler avec Mr B parce qu'il fait que de me faire rater, et de prétendre qu'il peut coller mieux que moi, parce que lui il est professionnel,
- finir par lui laisser faire le collage, par forfait et exaspération,
- et préparer mentalement de quelle manière cool et casual et détendue on va donner cette carte à son destinataire.
Deal with it.
Ce soir, je vais aller seule à la secret room, parce que Monsieur B. veut vraiment aller jouer au Wynn,
"Mais PD, la NL300 c'est mieux, ya PLUS d'argent à prendre".
Quand j'arrive, il y a trois tables d'ouvertes, et deux personnes qui attendent.
A la table 2, Stephan est en poste, et d'ailleurs j'ai vu qu'il m'avait vu (normal, je brille plutôt bien grâce à mes artefacts).
Je me register et j'attends avec une fille qui a les cheveux roses.
Elle m'a attirée pour les cheveux roses, j'avais envie de parler avec quelqu'un qui soit plutôt bien assorti à moi. C'est comme les cartes suited, on a toujours plus envie de les jouer.
Mais quand même, je suis un peu déçue parce que de près,
elle est pas tellement belle.
Elle habite dans le Wisconsin, elle vient d'apprendre le poker,
et d'ailleurs, c'est la première fois qu'elle joue en casino ("oh really?")
ça tombe bien, ya un couple qui vient de quitter la table 2, donc il y a deux seats, et ils sont pour nous.
Je suis au seat 4, et elle au 5.
Elle a des tas de tatouages sur les avant-bras,
ça se voit qu'ils viennent d'être faits, et comme elle est déjà un peu potelée,
je me demande à quoi ils ressembleront, tous ces dessins,
quand ils auront pris de la largeur à cause de l'alimentation équilibrée du Wisconsin.
(j'ai très envie de lui parler du wisconsin, du fait que je SAIS que c'est ringard, parce que moi je regarde that 70's show, mais bon, je décide que ce soir je suis sympa).
Elle est un peu campagne dans l'esprit, elle aime bien dire "from where I come, ..." (suivi d'une banalité que même en France on connaît), parler lentement,
poser des tas de questions à Stephan, pleurnicher qu'elle n'a pas de cartes,
et accessoirement aussi, aller lentement quand elle regarde ses cartes, ce qui fait que, en général,
j'en vois toujours une sur deux. (not so bad).
Elle se fait décaver une première fois, mais elle avait cashiné à 70, alors c'est pas grave.
Son copain, qui lui aussi est du wisconsin est bien chaud pour rester, alors elle recave.
Et finalement, on va revenir au vrai sujet de ce post.
C'est Stephan qui a commencé à parler,
et le dialogue était un peu bizarre, du moins, elliptique.
Enfin, j'imagine que, de l'extérieur, tout n'était pas tellement clair.
- Your friend's not here?
- no.
- okay. (pause)
- Actually, I have it.
- You do?
- Yeah.
Je ne sors pas la carte.
Je ne veux pas la lui donner pendant qu'il deal, je me dis que peut-être,
il y a des lois qui veulent qu'on doit pas trop échangé de trucs secrets, cabalistiques ou designés en mort pendant les tours de deal.
En plus, il ya une ambiance vraiment cool à la table, ça faisait longtemps que j'avais pas ressenti ça, comme quand on fait un cash-game chez quelqu'un qu'on ne connaît pas forcément,
mais où sans qu'on sache comment, une sorte d'empathie se met en place.
Au seat 1, il y a un grand noir, maigre, qui a toujours l'air d'avoir fumé plein de shit,
c'est un total DUFUS, il joue comme un tocard, c'est un habitué de la secret room, non pas parce qu'il gagne,
mais parce qu'il est dans le secret resort.
Au seat 2 et 3, il y a deux vieilles femmes.
Elles jouent vraiment très secret room, à savoir que, si elles ont un as,
n'importe lequel (le kicker, c'est tellement surfait...), elles bourinent comme des déglingo sur n'importe quel flop.
Là n'est pas le problème, elles ont un as, et la paire d'as, c'est la meilleure paire,
si t'as mieux et que tu les déglingues, bah c'est un set up.
Au seat 4, ya moi, qui commence à en avoir marre que le topic de conversation revienne inlassablement sur l'everyday life du wisconsin.
Au seat 5, il y a la principale source d'information sur l'everydaylife du wisconsin.
Au seat 6, un asiate avec une chemise et une cravate et un costard, qui a expliqué d'entrée de jeu qu'il prend l'avion à 4h le lendemain,
et qu'il a la ferme intention de jouer toute la nuit.
Au seat 7, un homme ayant une faculté absolument paranormale à toucher des quinte max sur des flops multicolores.
Au seat 8, un new-yorkais très bavard et extrêmement attiré par l'univers du side-bet.
Au seat 9 et 10, deux autres hommes perdant systématiquement leurs side-bet contre le new-yorkais.

Je suis quand même un peu ennuyée, parce que maintenant, ça fait plus d'une heure que je suis là, et rien ne se produit, je ne joue pas de coup, et en plus, je n'ai pas d'as, alors que c'était quand même ce qui était prévu.
Je suis reconnue par un dealer à Vegas,
et il ne se passerait rien?
Et à la place, c'est une fermière aux cheveux roses du wisconsin qui tirerait toute la couverture à elle?
Je finis ma dernière gorgée de Nonni Berry, et après, je décide si je reste ou si je pars.
En plus, Stephan est en train de se lever pour aller à une autre table,
et de passer le relais à Marc, un autre secret dealer.
Stephan fait le tour de la table, et s'arrête à côté de moi,
alors je sors de mon sac ma petite carte.
En lui tendant, je suis plus du tout contente du résultat.
Je trouve que le dessin est pas mal, mais que la confection est cheap,
j'ai peur que le scotch ne tienne pas, et que la carte s'ouvre, laissant sortir le jocker en tête de cheval.
EN plus, je bégaie pour lui expliquer que j'avais pas de matériel, que j'ai fait ça avec les moyens du bord et blabla.
Mais en fait lui, il la regarde sous tous les angles, et il a l'air vraiment content, et même vraiment vraiment content,
et il me remercie
- it's like, like awesome. that's so cool I - I know I should have paid or something for thatL
It's like HEY i got my card. that's just awesome thank you -
- your option Miss, you check or bet?
Oui, dans l'opération, j'avais oublié que je jouais aux cartes, et là,
et Marc me rappelle à l'ordre, parce que bon, je suis en grosse blinde et c'est mon tour,
et plein de monde a limpé et attend de savoir si on va enfin pouvoir voir un flop pas cher.
Stephan s'en va pendant que je regarde mes cartes.
HELL.
J'ai les AS

Je l'ai déjà dit, je manque trop de skill pour limper ou checker mes as dans des coups à plus de 2 personnes, donc, tout aussi emmerdant que ça puisse paraître, je raise. Like, a really GOOD amount.
Le wisconsin fold, l'asiate chouine et folde (et oui, lacher les one gaper unsuited, ça fait toujours un petit pincement au coeur),
le seat 7 a senti qu'il ne ferait pas quinte et folde, le new-yorkais fold "because that's like my FIRST raise",
et finalement, il n'y a que le grand benet qui call.
C'est le client parfait, il en est à sa 4ème margarita et il est bien chaud, on est en HU, j'ai juste pas la position mais moi
J'AI LES AS!
Flop



attention, à vos carnets, profitez de l'aubaine pour noter le déroulement des coups à Vegas, il est rare que les choses se passent différemment.
PD bets (like, a really GOOD amount) 40 dans un pot de 50.
Le grand noir fait tapis pour 110.
PD call.
Le grand noir a


turn blank
river

Et le grand noir embourbe le magot, en commandant gaiment une autre margarita;
- I'm sorry
- NO, you're not.
- yess I'm sorry.
- okay then gimme my money back.
- ahah
- see? you're not sorry.
- okay i'm not sorry but I feel BAD.
- obviously you do. you PLAY bad.
La table rit, car la table, pour une raison que j'ignore, m'aime bien.
Le new-yorkais fait de fréquents commentaires sur les chausettes qui me servent d'artefact de bras, il fait des blagues que je ne comprends pas, et il dit aussi que c'est pas grave si je joue pas de coups, parce que j'ai un accent qui fait classy, et que je fais beau à la table. (oui mais ça je sais).
Même si je garde mon sang-froid, à l'extérieur, car je suis française et classe et cool et casual,
en vraie vérité, j'ai envie tout casser dans le casino, non pas parce que oh dear poor me someone just beat my aces,
mais parce que j'ai l'impression que je ne peux plus gagner un seul coup à vegas,
et que même le pire MORON de la table me prend mon or.
Je vais le serrer.
Je vais forcément le serrer
et reprendre mon dû (au centuple si possible).
Enfin bon maintenant que Stephan est parti, ça risque d'être plus compliqué de toucher des premium à gogo.
Mine de rien, sans as, j'arrive à revenir un peu des enfers, et de 60 où j'étais descendue, revenir à 180 (jai eu AK, et comme c'est la meilleur main du texas holdem no limit, forcément j'ai bien gagné).
je me calme un peu parce que c'est vrai qu'on s'amuse bien à cette table.
Surtout moi, qui ai tout loisir de voir comment on joue dans le wisconsin.
Cette fermière vient de doubler avec les rois contre les dames du grand noir,
elle n'a rien eu à faire, car il les a jouées comme un con.
Je ne dis pas que c'est facile de lâcher ses dames, mais je dis que quand une fille débute le poker,
et qu'elle limpe absolument tout,
et que là pour la première fois, elle a minraisé préflop et que sur votre reraise, elle a REraisé encore, ça sent un peu plus que A5, et qu'il aurait peut-être pu perdre moins que tout son tapis dans ce coup.
Anyway, c'était un peu marrant à voir.
Notre amie du wisconsin, fourbue d'avoir si bien gagné, décide de cash-outer et de filer du casino avec ses gains (avant que le floor ne la rattrape pour tout lui voler, on ne sait pas, las vegas, c'est pas comme dans le wisconsin. En plus, le père de MichelMichel l'a bien expliqué, quand on gagne au casino, il faut vite partir avec ses gains).
L'asiate à sa gauche se décale d'un rang vers moi, il ne veut plus être à côté de celui qui fait quinte, et il pense que le seat wisconsin portait chance.
Le dealer a changé aussi, et maintenant c'est une dealeuse, une asiate dont la passion était toujours de me parler de MrB pour me dire qu'il était beau. (ah bon?)
- Your friend's not here tonight? it's just you?
- hum ha, yeah, sorry about that, it's just me (mais merde, c'est pas sensé être moi la star aujourd'hui?)
- he plays somewhere else? (sir, it's ten to call, ten is the bet, ten to call)
- yeah.
- He's hot. Okay four players. you're first sir.
Le grand noir, qui commence à être de plus en plus joyeux et saoul, fait n'importe quoi.
Le new-yorkais me demande:
- I'd say you're from Paris, but tell me.
- I'm from france yeah.
Puis, le grand noir se lance:
- I've seen you and your friend in here. You two live in Vegas?
- actually no. We're here for 3 weeks and now, we've got two days left.
(Exclamations de toute la table, une femme expliquant qu'elle avait déjà du mal à survivre à 1 semaine, et qu'elle ne comprenait pas qu'on puisse rester si longtemps).
- It's kind of exhausting in a while, even if you stay in great hotels, and have great times and lot of soda. But maybe that's because of your money taken by stupid feelingbad guys...
La table rigole, et le new-yorkais m'explique que très bientôt, vu que le noir en est à commander les drinks par deux,
je devrais récupérer mon argent sans encombre.
Se faisant, quelqu'un me tape sur l'épaule.
C'est Stephan.
Il a fini son service de deal, il rentre chez lui, et il voulait me remercier encore pour la carte,
et définitivement, il a l'air vraiment content.
On parle un peu, de la carte, et de la mort, du commerce des ténèbres en déclin à Vegas,
et puis d'Elvis aussi.
Évidemment, ça m'a distraite un peu, et j'ai oublié de regarder mes cartes,
et la dealeuse doit encore me rappeler à l'ordre, alors je dis au revoir à Stephan, qui quitte la salle en levant sa carte à bout de bras.
Je regarde mes cartes.
HELL.
J'ai les as!

Croyez le ou non: je ne les ai PAS limpés. (un peu inattendu de ma part, mais bon, je n'oublie jamais mon lecteur, et pour lui, je ménage un peu de suspense).
J'ai donc raisé (a really GOOD amount), et personne n'a callé cette fois.
(Au moins, je n'ai pas perdu 130 bucks dans l'opération! C'est presque une pluvalue).
Mais j'espère que comme moi, vous vous foutez totalement de l'issue du coup: the thing is,
POCKET ACES OH-MY-GOD! Ce dealer est réellement un dealer d'as!
Bon, je ne suis pas une personne de surnaturel
mais bon, là, comme il est techniquement impossible que ces as m'aient été dealés à dessein,
je me dis que ce dealer doit avoir une sorte de fluide, et que, lorsqu'il fait apparition dans les alentours de ma personne,
il fait apparaitre les as.
Je ne peux pas rester longtemps à la table.
D'abord, parce que les plus avisés se rendront peut-être compte que des phénomènes paranormaux se déroulent à la table, et risquent d'aller prévenir le floor.
Je n'aimerais pas que Stephan soit in trouble à cause de moi.
Ensuite, parce qu'il faut que j'aille réfléchir à tout cela à tête reposée.
Le new-yorkais dit : "oh no you can't leave now. See, he's totally drunk and you were giving this table an exotic touch with your accent and all that pink stuff you've got on you."
Je suis flattée mais quand même,
je vais cash-outer, à ma somme de départ, sans bénéfice d'aucune sorte.
Mais quelle conclusion tirer de tout ceci?
Nous n'avons pas toutes les données en main.
Nous ne savons pas ce qui se passe dans les coulisses des salles de cartes.
Nous n'avons pas le recul et la statistique pour prouver que Stephan a un fluide paranormal qui,
entrant en contact avec mon aura de femme de cartes,
produit comme miraculeusement le POCKET ACES OH MY GOD.
Le seul moyen de découvrir ce qui se passe sous ce phénomène inexpliquable,
c'est de retourner à vegas, et de mener une enquête pointue et méthodique.
Ce qui me fournit donc une raison plus qu'urgente de retourner à Vegas.
Orientation documentaire et rationaliste.

3 commentaires:
- I'm sorry
- NO, you're not.
- yess I'm sorry.
- okay then gimme my money back.
- ahah
- see? you're not sorry.
- okay i'm not sorry but I feel BAD.
- obviously you do. you PLAY bad.
STANDARD !
POCKET ACES OH MY GOD !!!
ce post est vraiment brillant.
Cet indefinissable parfum de vegas, tu le retanscris à merveille.
Made my day :)
Mais merci!
D'ailleurs, j'y retourne dans 4 jours, y a-t-il une chance que je vous y croise?
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