
En ce beau dimanche ensoleillé de Vegas, Mr B et moi-même nous sommes levés fort matin, et étions, dès 10h, cavés au MGM.
Alors loin de moi l'idée de vouloir chouiner les badbeats, mais si on fait le compte, depuis le début de Vegas, aucune de mes premium n'a tenu. Les valets, les dames, les rois, rien n'a tenu plus de deux streets, et les as ont pris les blindes.
Comme dirait Patrick, "C'est toujours mieux qu'un coup de poing dans l'oeil", mais quand même...
Aujourd'hui ne fit pas exception, et rapidement, je perds la moitié de mon tapis en me faisant déglinguer les dames. En temps normal, ça m'aurait vraiment rendue depressed, et je serais vite fait aller faire du lazy river.
Mais là, allez savoir si je SENTAIS (comme les vrais joueurs) que le vent allait tourner, ou si le fait d'entendre de mes deux oreilles m'avait donné confiance, je n'en sais rien, mais je me suis dit qu'il était impossible que l'argent ne revienne pas automatiquement dans mes caisses, et avec profit.
Quelques mains après, je reçois les rois, je me fais caller par une vieille regular du MGM. Avouons-le, je rêvais d'entrer dans un pot avec cette vieille femme que j'enviais pour son cards guard, qui n'est autre qu'un ange-chien ailé avec une auréole en or.
Méfiez-vous si vous en voyez, souvent, c'est le signe de quelqu'un qui joue plutôt pas mal aux cartes.
En plus, elle, quand elle perd une cave, elle sit-out une demi-heure pour détilter aux slots, preuve (s'il en était besoin) qu'elle est depuis longtemps dans le circuit.
Bref, j'ai fait brelan au flop, et je l'ai tellement bien slowplayé/actingué/check-callé que j'ai réussi à doubler sur elle, et me revoilà up à 180.
Reperdant quelque temps après de l'argent avec les jacks, je décide qu'à partir de maintenant, c'est MOI qui serait à tirage. Je ne vais pas me lancer dans le descriptif des coups, mais j'ai payé pour des tirages, que j'ai touchés.
Et à part le dernier pot de la matinée, où j'ai perdu 50$ avec un tirage quinte flush qui n'est pas arrivé, on peut dire que j'ai plutôt bien couru. Bon, je suis à que + 75 pour aujourd'hui, mais vu ma variance habituelle, c'est plutôt pas mal.
Mr B a perdu une première cave, regagnée peu après avec une magnifique flush river, qui lui fait embourber plus que son tapis.
Quelques heures et quelques sodas plus tard, nous nous retrouvons sur le strip à bourlinguer pour trouver un endroit où manger.
En trainant nos guêtres dans le Mirage, Mr B fait un caprice pour aller manger dans un vrai endroit où on est assis à une table et servi par des gens, pour changer des starbucks et des salades de fruits.
Alors on se décide finalement pour le BLT Burger.
J'avoue, je suis contente de cette salade avec du blanc de poulet, même si je suis un peu vexée du move de la grosse waitress, qui s'est permis de se taper le front d'un air exaspéré quand je lui ai demandé d'avoir la sauce à part.
Et c'est là que Mr B a décidé qu'on partirait du BLT sans trop payer.

Croyez-moi, j'ai fait tout ce qu'il fallait pour l'en dissuader.
Non pas pour des raisons morales (car la serveuse m'avait vraiment bien énervée), mais plutôt parce que j'avais vraiment peur de me faire attraper par la police de Vegas.
Mr B. m'a dit bon, d'accord, on va payer, il a sorti des billets, a pris l'addition en main, s'est levé, et moi avec, et en fait, on est sorti comme ça du BLT.
Je peux vous dire que vu la carrure de la serveuse (qui avait un tee-shirt noir avec écrit "tip waiters, not cows" dans le dos), j'avais vraiment peur qu'elle nous attrape dans le casino et qu'elle nous donne plein de coups de poing.
Du coup j'ai persuadé Mr B qu'on file de ce casino avant qu'on se ne fasse attraper par les polices de Vegas, et on s'est retrouvé sur le strip à se demander où aller jouer aux cartes.
une photo qui n'a rien à voir, pour Gui.

On se disait, pour faire vraiment les intéressants, il faudrait trouver un endroit génial, un truc nouveau à faire, un coin fou où personne n'est jamais allé, ou n'a jamais parlé, quelque chose où on aurait vraiment un edge, un peu comme le gambling de petit chevaux, mais que ça serait nous qui l'aurions découvert.
On se creusait la tête pour ça, quand tout à coup on a découvert,
LA SECRET ROOM.
La secret room est une room de cartes.
Une room où seuls les gambleurs de haut vol peuvent se risquer.
A titre d'information donc, puisque nous sommes sur un forum de cartes, nous allons donc, en exclusivité, vous décrire plus avant,
la SECRET ROOM (méfiez-vous des apparences).
Un peu pétrifiés par l'aspect imposant de l'endroit, Mr B. et moi avons décidé de nous caver chacun à une table. Très rapidement, j'ai rapatrié Mr B à la mienne, car il me semblait difficile de tirer seule quelque profit d'une aussi tough table.
Sous les augures de Scotty, s'ouvre le gambling de la table 6.
Au seat 1, un russe (des balkans ou assimilés), la quarantaine, un peu brutal.
Au seat 2, une sorte d'oie grasse collet-monté, avec un petit gilet rose saumon et la coupe au carré, du même âge que le rouskov.
Au seat 3, une indie à gros cheveux, avec un habit en toile coloré enroulé autour de ses gros seins, et qui sentait un peu trop des bras.
Seat 4, le vrai gambleur des WSOP, le joueur de tournois deep-stack, le loup des ring-game, celui qui pratique le live straddle ET le button straddle, ET la pépite à 20 sur tous les limpers, bref, celui qui s'y connait dans la carte.
Seat 5, un viel homme au facies déplaisant et au nez complètement irradié.
Seat 6: PD (hero)
Seat 7: Mr. B (hero)
Seat 8: un français, reconnaissable à sa tête de con et son tee-shirt du PSG (avantageusement agrémenté d'un collier africain et d'un short de bain hawaïen), et à qui nous décidons immédiatement de ne pas adresser la parole.
Seat 9: un asiate station call.
Seat 10: le requin de la table, le regular de la secret room, une vieille femme couverte de bijoux clinquants, avec une bague en fer à cheval, et une en trèfle à quatre feuille, et un pendentif harlequin en or.
Au bout de quelques tours de table, Mr B m'annonce qu'il ne foldera plus aucune main. Et pour cause, ici, c'est l'univers du limp, les gens sont prêts à limper tout jusqu'à AK, pourvu qu'on les laisse tranquille. Par contre, gare à vous si vous vous avisez de raiser: vous serez callé, anyhow.
Après s'être fait décavé contre une indienne avec set over set, Mr B refuse de partir, et déclare qu'on ne bougera pas d'ici avant que tout le monde ne soit parti/décavé.
Il faut dire qu'on apprend beaucoup à la table.
Les dealers aussi.
En fait l'asiate station call leur donne un peu de fil à retordre.
A chaque fois qu'arrive un showdown, ils annoncent les mains, et on sent un gros temps de latence, une sorte de bugg des croupiers, où ils cherchent comme des fous la quinte qu'ils n'auraient pas vue, alors qu'il n'y a rien à chercher, l'asiate a juste callé Queen high, that's it.
Inlassablement ils annoncent "top pair (seat 1), two pairs (seat 5) ... huhh "king high (seat 9).
Cet homme, c'est un puits à sous, et personne ne se gêne pour puiser chez lui, vu qu'il call absolument tout s'il a touché un micro-bout du flop (ou pas).
Mr B lui en prend un max, tout en restant très friendly et en le félicitant chaleureusement quand, once in a while, il prend un micro pot.
Les deux vieilles en seat 1 et 10 sont bien aussi dans l'univers du call, mais d'une façon un peu plus subtile, puisque c'est grâce à elle que j'ai été un peu plus informée sur comment réaliser le fameux move du Continuation Call.
Je dois dire qu'avant la secret room, je n'avais jamais entendu parler du Continuation Call. Laissez-moi faire une pause d'explications stratégiques pour ce move un peu délicat.
LE CONTINUATION CALL
POSTE STRATEGIQUE
Conditions d'elligibilité:
1) avoir callé preflop la pépite d'un joueur bien loose avec une mauvaise main,
2) de préférence, un très mauvais as dépareillé (




3) être, de préférence, hors position
4) avoir un tapis inférieur à 50 BB (sinon, le move n'est pas EV)
Une fois ces conditions remplies, le principe du continuation call est simple.
Vous avez callé preflop avec un as (sûrement dominé)? Très bien.
Pas d'inquiétude, si au flop vous ne touchez pas, checkez, et attendez que le relanceur initial effectue son continuation bet.
Ainsi, vous pourrez caller ce bet sans crainte. Vous n'avez pas touché, certes, mais qu'importe, vous avez sûrement désamorcé l'agressivité de votre adversaire en position, et de la sorte, vous pourrez très certainement caller une deuxième pépite au turn.
Vous vous retrouvez rapidement commité, et pourrez payer le tapis de votre adversaire river, ace high. Avec un peu de chance, il était à tirage et vous emporterez le magot avec votre as.
Je suis un peu nerveuse, j'ai très envie de déglinguer la grosse en rose saumon, qui vient de me salir les dames avec un runner runner flush.
En même temps, à une table pareille, on aurait tord de s'énerver, il suffit d'attendre, et le phénomène du tropisme de l'argent devrait bientôt faire son effet. Mr B arrive à bien prend de l'argent partout en mettant pas mal de pépites, même si plusieurs de ses CB ont été déjoués par d'habiles continuation call.
Je reçois finalement les dames, et me retrouve contre un jeune asiate bien short-stack qui a remplacé au seat 10 la regular de la secret room.
Je ne suis pas mécontente de me retrouver dans un pot contre lui, sachant qu'il avait fait preuve d'une grande finesse dans les pots précédents, payant des tapis avec Jack high, en faisant claquer sa main face up sur la table, alors qu'il restait encore une personne engagée dans le coup (avec les nuts). D'ailleurs, s'étant fait remballer par le dealer, il s'était ensuite senti obligé de payer la pépite à tapis du troisième joueur, pour l'honneur j'imagine.
Etonnement, sur le board





C'est la variance du poker.
Pour en revenir à ma main, j'ai fait full house au turn, je pars à tapis, et l'indien shorty me paie en retournant fièrement un 7.
Tout comme Ray (le dealer le plus rapide de tout le nevada), j'ai cherché en vain quelle combinaison possible pouvait fitter ce 7, et j'ai finalement embourbé le pot.
On a joué aussi longtemps qu'on l'a pu dans la secret room. A deux heures du matin, fourbus, érintés par des heures de réflexion intense, nous nous vîmes dans l'obligation d'arrêter.
En partant de la room, je me retourne une dernière fois pour regarder la figure augurale de Scotty, en me promettant de revenir demain pour jouer mon A-poker dans la Secret Room.
Après toutes ces émotions, nous ferons un petit arrêt walgreen pour les produits de première nécessité.


(des GROSSES boules de chewing-gum: 12g de sucre each)
Récapitulatif du day 3
gambling: learning about continuation call
crazianisation: 2/10
quote: "Le tropisme de l'argent"
Not to forget: Etre à tirage.
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